Page 96 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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LA GRANDE EVASION
Roubaix commençait à se déserter, le déclin de l'industrie textile
avait sonné le glas et n´arrangeait pas la situation locale. Je finissais
par me demander parfois comment je pouvais encore supporter d’y
vivre. Certains de mes amis étaient descendus vers le sud, et
notamment Cannes, avec la certitude de trouver le soleil, mais
surtout l'espoir d'y trouver un job et une nouvelle vie. Je les enviais et
j'en discutais avec une amie proche du départ pour la côte
méditerranéenne.
L'été arriva, Roubaix continuait à se vider de sa population de
jeunes gens et je m'y ennuyais sincèrement. C'était une période où je
ressentais ce besoin d'indépendance et j'étais souvent en désaccord
avec ma mère, malgré l'indifférence de mon père impartial. C'est ainsi
que je pris la décision de descendre moi aussi vers le sud, après avoir
démissionné de mon emploi afin de prendre quelques vacances et
tester la situation. J'emmenais ma sœur jeune adolescente avec moi,
et nous pratiquions l'auto-stop sur les routes de France, ce qui
s'avère pratiquement inconcevable actuellement. C'était un peu
comme si nous partions à l'aventure vers l’inconnu, et ce fut une belle
aventure sans incident, avec la décision d'atterrir à Cannes.
Dès notre arrivée, je décidais de louer une chambre dans un
hôtel proche de la gare, avant de découvrir la ville qui nous parut
bien agréable et si différente des villes du Nord.
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