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Mon vécu
J'étais de celles qui remplissaient son horaire pour ne pas penser à ses pertes. Deux mois après le décès de mon papa, j’ai décidé de mettre fin à mon mariage qui depuis un certain temps ne me convenait plus. Ce deuxième deuil m'a amené à vivre seule pour la première fois de ma vie, je vivais donc de grands changements en très peu de temps.
Pour ne pas faire face à ma douleur, mon agenda était donc bien rempli et mon verre d’alcool également! En fait, je voulais choisir quand vivre mes émotions... Comme vous le savez, lorsque l'on vit un deuil, les émotions peuvent arriver sans préavis. Cette méthode a fonctionné jusqu'au jour où des trous apparurent dans mon horaire.
C'est à ce moment que l'épuisement a fait surface avec un mélange d'émotions très douloureux et impossibles à gérer. J'avais perdu mes repères, mon pilier et donc je ne savais plus qui j'étais.
Un jour, j'ai senti le besoin d'aller au cimetière pour parler à mon père pour lui expliquer ce que je vivais. Il faut mentionner que cela n’était pas dans mes habitudes de m'ouvrir à lui, mais cette journée-là quelque chose me poussait à le faire. À ce moment là ce geste m'a permis de lui parler comme si je parlais à un bon ami.
En fait, ce détachement des rôles (père/fille) m'a donné la chance de le comprendre en tant qu'être humain et en tant qu'homme et ainsi recréer un lien plus sain et empathique à ce que je vivais.
Suite à ce moment, j'ai commencé à lui parler presque tous les jours. Qu'est-ce que je lui disais? Et bien, je lui demandais continuellement de m'aider lors de périodes difficiles et d'être présent pour ma mère et mes sœurs. En fait, je lui demandais des choses qui m'apaisaient dans mes peines.