Page 280 - La pratique spirituelle
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née, étant, de toute éternité. Seul ce qui naît subit la loi du              Doit-on porter notre attention sur les sensations, les perceptions
            karma. Ce qui ne naît pas, en est libre.                                     du corps ?
                                                                                            C’est une manière de réintégrer le présent.
            La forme, la non-forme, est-ce une voie possible vers la dissolu-
            tion du moi, ou bien seul l’instant présent compte-t-il ?                    Accorder toute notre attention à nos activités quotidiennes ?
               La conscience est à la fois la forme et le sans-forme. Le                    C’est ainsi que la méditation imprègne l’action.
            sans-forme est sa nature pure. La forme est le revêtement                                              *
            qu’elle prend. Ce que vous êtes, dans la réalité de votre être,                                       *  *
            transcende les notions de passé, présent, futur. Celles-ci sont
            créées par la pensée. Elles n’existent pas dans la non-pensée,               Y aura-t-il toujours des manifestations perçues ? Sommes-nous
            ni dans le silence mental du sommeil profond.                                une permanente impermanence ?
                                                                                            Nous sommes la permanence au sein de laquelle se déroule
                                       *                                                 l’impermanence. Pour la permanence que vous êtes, la tempo-
                                     *  *                                                ralité est inexistante. La permanence est, par nature, intempo-
            Hier soir, sur la route, j’écoutais une chanson et le chanteur dit :         relle. L’idée de la temporalité naît avec la pensée, et meurt avec
            « What if there was no time? » (« Et si le temps n’existait pas ? »).        elle. Dans le vécu qui est présent en vous, dans la non-pensée,
            J’ai eu comme un flash. Je me suis rendu compte que toutes les               les questions d’ordre temporel sont absentes, car le mental est
            pensées étaient reliées en notre croyance au temps. Pas de temps             absent. La mer, dont la profondeur est toujours silencieuse, ne
            = pas de peur = pas de projection = etc. Que conviendrait-il de              s’inquiète pas du bruit des vagues en surface, qui font partie
            faire maintenant ?                                                           d’elle-même. De même, la conscience est à la fois immuabilité
               Rester tranquille et laisser les projections mentales                     et mouvement. C’est à partir de l’immuabilité qu’est perçu le
            s’éteindre d’elles-mêmes.                                                    mouvement. Le mouvement ne peut, lui, percevoir l’immua-
                                                                                         bilité, car le contenu ne peut percevoir le contenant. Seul le
                                       *                                                 contenant peut percevoir le contenu.
                                     *  *
                                                                                                                   *
            Comment habiter l’instant ?                                                                           *  *
               En se libérant de la croyance que vous n’y habitez pas.
                                                                                         Pourquoi faisons-nous tous semblant d’ignorer que chaque
                                                                                         instant passé jamais n’est comme un autre, jamais ne revien-
            Comment éviter de nous laisser entraîner par notre
            imagination ?                                                                dra, jamais ne ressemblera au prochain. Dans l’instant qui est
                                                                                         une feuille voltigeant, il n’est pas de séparation entre la feuille
               En ramenant l’attention sur ce qui est immédiatement
            présent.                                                                     et l’instant, il n’y a alors que la danse joyeuse. Qu’est-ce qu’il
                                                                                         manque à ma compréhension pour que le fait de goûter à la
                                                                                         magie d’une seule seconde ne suffise pas ?



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