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La gratitude | 83 qu’elle était heureuse, joyeuse, qu’elle ne se disputait Lorsque son mari constata le changement chez sa femme, mari ! raison l’humiliation, devienne indifférente au mépris de son qui ne pouvait supporter aucune remarque, et à plus forte HaChem. C’est un miracle sans pareil
d’eau pendant trois jours, ils réagirent par des reproches, et en pleurant gratuitement, le Saint béni soit-Il décréta des Chapitre 4
il est dit (Exode 15:24) : ”Le peuple murmura contre Moché pleurs pour les générations futures. Je dis alors au Saint La gratitude
en disant : ”Que boirons-nous ?” Puis au verset suivant : béni soit-Il : ”Maître du monde, je crois en Toi d’une foi
”C’est alors qu’Il lui imposa une loi et un jugement, et qu’Il parfaite que Tu es juste et droit, et que toutes Tes actions
le mit à l’épreuve.” Rachi commente : ”Il mit le peuple à sont véridiques. Pourtant je ne comprends pas : Est-ce pour Le livre de l’Exode raconte les fléaux déclenchés par notre
l’épreuve. Il vit la raideur de sa nuque, car ils ne prirent pas avoir pleuré vainement une seule fois que le peuple d’Israël maître Moché en Egypte. Lorsqu’il fallut frapper la terre
conseil auprès de Moché en disant : Prie pour la miséricorde doit être condamné à une punition aussi terrible ? Des pleurs pour le fléau des poux, D. dit à Moché d’ordonner à Aharon
divine, afin que nous ayons de l’eau à boire. Mais ils se renouvelés dans toutes les générations ? La destruction de le faire. Pourquoi ce fléau dut-il être accompli par Aharon
plaignirent.” des deux Temples, la mort cruelle de millions de Juifs, et non pas – comme pour les autres fléaux – par Moché ?
Ce commentaire de Rachi nous révèle la distinction entre des souffrances inouïes durant les exils et maintenant des Rachi explique : ”La poussière ne pouvait être frappée par
Moché, parce qu’elle le protégea lorsqu’il tua l’Egyptien
une requête de miséricorde et une plainte. On comprend attentats ; des malheurs se succédant les uns aux autres, les et le cacha dans le sable. La poussière fut donc frappée par
que si le peuple avait demandé correctement à Moché de problèmes complexes d’entente conjugale et les maladies, Aharon.”
prier pour la miséricorde divine, ils n’auraient pas fauté ; que D. ait pitié de nous. Tout cela à cause de pleurs versés
mais leurs plaintes trahirent leur mauvais caractère et la en vain ? Cette faute est-elle si grave ? Finalement qu’ont- Nous apprenons de là qu’on doit exprimer sa gratitude
raideur de leur nuque. La fine distinction du saint Rachi est ils fait ? Ils ont un peu pleuré. Ils n’ont commis ni adultère, même envers le minéral, une matière inanimée qui ne fait
la même qui sépare la vraie prière, grâce à laquelle il est ni idolâtrie : ils n’ont fait que pleurer ! Et nous subissons pas le bien à travers le libre arbitre, et que l’on doit garder
possible d’opérer tous les saluts, de la ”prière” (si on peut pour cela des punitions interminables ! Des pleurs pour cette gratitude toute sa vie. La poussière n’a pas aidé Moché
la qualifier ainsi) qui non seulement n’est pas exaucée, mais les générations futures ! Aucune autre faute de la Tora n’a par un choix personnel, mais parce que c’est sa nature de
éveille seulement des rigueurs sur l’homme, que D. nous en entraîné une punition aussi amère : même pas un millionième servir de cachette, même si le bien qu’elle fit à Moché ne
préserve. de cette punition ! fut que passif et même s’il eut lieu soixante ans plus tôt.
La réponse à ces difficiles questions est la suivante : le Néanmoins, le Créateur ne voulut pas que Moché la frappe à
La repentance du cœur Saint béni soit-Il nous apprend que la faute qui l’irrite le cause du bien qu’il avait reçu d’elle. Et même si tout compte
Il faut savoir que la Tora n’est ni un livre d’histoire, ni un plus est l’ingratitude ! La pleurnicherie ! Toute autre faute, fait, ce bien ne fut accompli qu’avec un peu de sable qui
recueil d’anecdotes, que D. nous en préserve. Mais tout ce la pire qui soit, même volontaire, est perçue tout autrement se trouvait sur place, il devait être reconnaissant à toute la
qui y écrit vient enseigner à tous ce qu’HaChem veut de par HaChem. Car HaChem sait que l’homme a un mauvais poussière du monde. Nous apprenons d’ici l’importance, la
nous. Celui qui lit la Tora comme un récit, sans en déduire penchant et qu’il est travaillé par des désirs matériels. profondeur et l’étendue de la gratitude.
des leçons pour lui-même, n’étudie pas la Tora. Dans le saint Cela aussi est terrible, mais pas comparable au vice de Si nous devons exprimer notre gratitude envers une matière
Zohar, rabbi Eliezer, le fils de rabbi Chimon, maudit ceux l’ingratitude. Car après toutes les bontés d’HaChem envers inanimée, à plus forte raison devons-nous le faire pour
qui lisent la Tora comme des faits historiques. Nous devons l’homme – Il lui donne la vie, lui fait du bien ; Il le sort l’homme qui ressent des émotions ; et à plus forte raison la
donc chercher le message la Tora, lorsqu’elle rapporte les d’endroits malpropres, de l’égout, de l’ordure, de la maison femme doit-elle l’exprimer à son mari, l’être le plus proche
plaintes du peuple. Or, nous constatons ici une chose terrible : d’esclavage – après toutes ces années de délivrances, d’elle. Elle doit le faire pour éviter de lui causer de la peine,
après avoir assisté à des miracles et à des prodiges jamais l’homme continue à pleurer ? Des pleurs vains ? Alors et ne pas être ingrate pour tous les bienfaits qu’elle reçoit
vus auparavant, ni quantitativement ni qualitativement, ils c’était comme si D. disait : ”Il faut leur enseigner que cette de lui.
se plaignirent à la première épreuve ! Immédiatement après pleurnicherie est pire que tout.” D. nous montre alors les
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