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HISTOIRE
On sait seulement que lorsque commença la décrit comme la réalité de la Régence, en lui
déconfiture du système de Law, ce mystérieux opposant les valeurs héroïques de personna-
personnage disparut à jamais. De la même ges hors de ces temps. Le réel du XVIIIe siè-
façon que ce qui est de l'ordre du conte est cle, c'est une transposition du XIXe siècle. Les
rejeté sur le personnage de fiction, ce qui est derniers monstres, comme Gonzague ou Phi-
de l'ordre du scandale est rejeté sur les siè- lippe d'Orléans de la légende, seront suppri-
cles passés : pour Féval, le XVIIIe siècle est més par le héros-chevalier du peuple, Lagar-
moderne comme le XIXe siècle ; sa part d’ dère, appuyé par le premier prince moderne,
archaïsme est rejetée comme un souvenir du le Régent revisité. portefeuilles, est évoqué
XVIIe siècle. De cette façon, il peint à travers sans ambiguïté par le bossu qui place lui-
lui son propre siècle et se fait moraliste sans même et toute la Régence déjà hors de l'An-
qu ’ on puisse lui reprocher de sortir du cadre cien Régime : « de nos jours on ne tue plus
de son histoire. Pour lui, et bien d ’ autres, on guère avec ces armes brutales de l'ancien ré-
pense à Balzac, à Stendhal, son siècle est do- gime : le pistolet ou l'épée. Nos armes sont
miné par l'argent, on n'éventrait plus que des dans nos portefeuilles ».
Féval critique son temps à travers ce qu'il