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HISTOIRE
L ’ OMBRE DE SAVONAROLE
LA REFLEXION D’ U N CHERCHEUR
En 1497, le moine halluciné Girolamo Savo-
narole exerçait à Florence une dictature
théocratique et rameutait la jeunesse – déjà-
autour des célèbres « bûchers des vanités »
où il faisait jeter des « objets d ’ impiété »,
c ’ est-à-dire tous les objets dont la seule
vue le contrariait. C ’ est ainsi que furent dé-
truits des fleurons de la Renaissance italien-
ne, jusqu ’ à des tableaux de Botticelli dont
le Patrimoine de l ’ h umanité fut privé pour
toujours.
Cette pratique exécrable existe encore de
Sous cette forme extrême, les « bûchers des
nos jours sous une forme insidieuse. C ’ est
vanités » ont disparu en Europe avec toute-
ainsi que depuis quelques années, par la vo-
fois des résurgences : naguère encore, les
lonté de milieux inconscients du mal qu ’ ils
régimes totalitaires communistes et nazis
font, les trouvailles de surface sont trop sou-
brûlaient les livres qui n ’ étaient pas dans la
vent frappées d ’ un phénomène de rejet.
ligne du Parti et l ’ on vit en France, il n ’ y a
Laissons ici le débat imbécile de savoir si tel
pas si longtemps, des enseignants dévoyés
objet a été trouvé « à l ’ œil », à l ’ aide de
jeter au feu les livres d ’ un philosophe dont
baguettes de coudrier, de pendules ou de
l ’ engagement ne leur semblait pas
détecteurs de métaux, à l ’ intérieur ou en
« politiquement correct ».
dehors de sites dont le caractè-
re « archéologique » reste subjectif et très
flou. La façon dont un objet a été découvert
sur le sol n ’ a rien à voir avec la qualité ar-
tistique ou scientifique qu ’ il représente.
Nous ne voulons évoquer ici, avec gravité,
que le sort de cette masse de trouvailles offi-
cieuses réalisées dans les trois dernières dé-
cennies et qui risquent de disparaître.