Page 58 - magazine15_Neat
P. 58

HISTOIRE






         1744 durant une partie de chasse dans la              des pouvoirs publics ». Dans une société bri-
         campagne romaine pour rejoindre Paris au              tannique démilitarisée, seuls les clans écos-

         terme d ’ une chevauchée rocambolesque.               sais gardent un potentiel militaire autonome.

         Louis XV refuse de recevoir cet hôte gênant           En Bretagne, les Jacobites s'activent avec des
         qui se fait appeler le Baron Renfrew ou encore        réunions au manoir de La Placelière, qui ap-

         le chevalier Douglas pour tromper les espions         partient à l'armateur Guillaume Grou, ce der-

         de Londres. Mais, en dépit des réticences de          nier «très lié au clan irlandais, ayant épousé
         certains ministres, une flotte est rassemblée à       en 1740 Anne Ó Shiell, fille aînée de Luc Ó

         Dunkerque et s ’ apprête à traverser la Man-          Shiell, troisième fortune irlandaise de Nantes
         che. Elle doit conduire les soldats que les ja-       ». Au début du mois de juin 1745, en compa-

         cobites anglais attendent comme condition             gnie de ses fidèles, Charles Edward Stuart

         préalable à tout soulèvement général. Une             quitte Paris. Arrivé en Bretagne, le prince ren-
         tempête réduit à néant le projet de débarque-         contre ses partisans au cours d'une réunion

         ment. C ’ est finalement par l ’ intermédiaire        secrète où sont réglés les derniers préparatifs
         de jacobites irlandais que Charles Edward             de départ. Parmi ces sept partisans arrivés

         Stuart entre en contact avec des armateurs            discrètement par Saint-Nazaire, on compte

         nantais qui l ’ aident à monter une expédition        deux Écossais, fins connaisseurs des routes
         privée qui ne reçoit ni le soutien du roi ni l ’      maritimes menant aux îles Hébrides. Le 23

         aide du Prétendant.                                               juillet, après de multiples péripéties, le prince

                                                               débarque sur l ’ Île d'Eriskay, dans les Hébri-
                     La dernière aventure
                                                               des extérieures. Au fil des semaines, l'armée

         Si le dernier des Stuart bénéficie de la bien-        jacobite grossit. Le 19 août l ’ étendard royal
         veillance mesurée de Louis XV, accaparé par           est hissé devant 3 000 Highlanders. Le 21

         la Guerre de Succession d ’ Autriche, et de l’        septembre, contre toute attente, les jacobites

         or espagnol, il doit surtout compter sur ses          écrasent l'armée de George II à Prestonpans.
         partisans pour armer et financer son expédi-          Dès le mois de septembre, l ’ armée jacobite

         tion. Pour l ’ historien James McCearney « il         s ’ empare d ’ Édimbourg, avant d ’ enfoncer
         s ’ agit d ’ une entreprise privée, à l ’ insu        les lignes hanovriennes par une folle charge

                                                               des Highlanders. Ces premiers succès pous-

                                                               sent Louis XV à reconsidérer avec intérêt l ’
                                                               entreprise de Charles Edward Stuart qu ’ il s’

                                                               engage à soutenir dans le traité de Fontaine-

                                                               bleau, sans pour autant aborder la question
                                                               précise de la restauration des Stuart.
   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63