Page 59 - magazine15_Neat
P. 59

HISTOIRE






                                                               de pénétrer plus loin en Angleterre, alors qu’
                                                               Edimbourg a déjà été reprise par l ’ ennemi.

                                                               Humilié par les siens, abandonné par les

                                                               Français, Charles Edward Stuart est bien obli-
                                                               gé de faire marche arrière vers l ’ Écosse. Les

                                                               jacobites ne sont pas inquiétés durant leur re-

       Mais c ’ est au sein même de l ’ armée jacobi-          traite vers le nord et remportent même encore
       te qu ’ apparaissent les premiers désaccords.           la bataille de Falkirk. Mais c ’ était sans comp-

       George Murray voudrait assurer les positions            ter la prise en main par le duc de Cumberland,

       en Écosse qui, loin d ’ être homogène, n ’ est          le fils même du roi, de la petite armée hano-
       pas entièrement acquise : de profondes diffé-           vrienne et son arrivée aux abords d ’

       rences séparent les Highlanders, et tous les            Inverness où stationnent un temps les rebel-

       jacobites ne sont pas prêts à hasarder leur vie         les. Conscient du rapport de force défavora-
       et leur fortune sur des espérances incertaines.         ble, certains préconisent un repli dans la mon-

       Il aimerait par ailleurs se contenter de l ’            tagne. Mais Charles Edward Stuart opte pour
       indépendance de l ’ É cosse : Charles Edward            l ’ affrontement immédiat, à Culloden.

       Stuart a en effet promis de revenir sur l ’ acte        Des erreurs tactiques, le terrain marécageux
       d ’ Union de 1707. Mais le prince ne sembler            impropre à la charge offensive des Highlan-

       penser qu ’ à Londres, sur laquelle il voudrait         ders qui deviennent les cibles de l ’ artillerie

       déjà fondre, convaincu de l ’ infaillibilité offen-     adverse, expliquent la terrible défaite du 16
       sive de ses quelques Écossais. Sa terre an-             avril 1746, qui sonne non seulement le glas de

       cestrale n ’ est qu ’ une étape, un point d ’           la cause jacobite mais aussi l ’ aube d ’ une

       appui dans le dispositif de reconquête plus             sombre époque de l ’ histoire écossaise. Rapi-
       vaste qui englobe tout l ’ héritage auquel il           dement, les troupes se dispersent pour rejoin-

       peut prétendre. Il finit de justesse par empor-         dre leurs terres, par peur des terribles repré-
       ter l ’ adhésion de ses partisans, en les assu-         sailles qui vont s ’ abattre sur la région. Le

       rant de l ’ imminence d’ u n débarquement               « boucher » Cumberland, achève impitoyable-

       français en Angleterre. La descente vers le             ment les blessés de Culloden. Les exactions
       sud peut donc continuer : les jacobites avan-           vont durer des mois et vont être suivies d ’

       cent vite, sans jamais se faire intercepter par         une série de lois visant à éradiquer le système
       les troupes hanovriennes désemparées par la             même des clans écossais : les chefs perdent

       rapidité de leur progression. Mais à 200 km de          leurs pouvoirs juridiques sur les hommes et

       Londres, à Derby, alors qu ’ aucun débarque-            sur les terres, les armes sont confisquées, le
       ment français ne vient confirmer les promes-            port du tartan est interdit, la cornemuse ban-

           ses du prince, les chefs de clan refusent           nie.
   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64