Page 31 - Lux in Nocte 2
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La décoration et l’art sacré  Au tournant du siècle, une population instruite recevait et organisait
                                           parfois  des  soirées  poétiques  ou  musicales  ;  elle  aimait  s'entourer
                                          d'œuvres d'art et certaines villas du bord de mer étaient décorées de
            peintures, de sculptures et de vitraux. Au rez-de-chaussée de Ker Marthe, on reconnaît   sur une
            photo ancienne deux peintures murales représentant des sujets tirés des métamorphoses d'Ovide   ;
            une autre villa comprenait aussi des peintures de Marius Vasselon, représentant des Fables de la
            Fontaine.
                    Notre artiste aurait également décoré un restaurant du Croisic et le café L'Océan à La Baule.
            En 2010, une grande toile de (3,27 X 2,80 m.), provenant de la fille d'un antiquaire parisien est
            passée en vente  ; elle montre une scène, inspirée d'un banquet rabelaisien, qui pourrait provenir du
            décor d'un cabaret.
                    Selon la mémoire familiale, Marius Vasselon aurait participé au programme iconographique
                                             de  la  première  église  de
                                             La  Baule,  Notre-Dame-
                                             des-Flots  (aujourd’hui  la
                                             chapelle  Sainte-Anne),
                                             construite,  entre  1880  et
                                             1886, en haut d'une dune,
                                             face à la mer. Mais dans la
                                             seconde  moitié  du  XXe
                                             siècle,  ce  bâtiment  fut
                                             laissé  à  l'abandon  ,  selon
                                             une  démarche  bien  rodée
                                             consistant  à  attendre  que
                                             la  vétusté  d'un  édifice
                                             serve  à  justifier  une
                                             opération  immobilière.                                             30
                                             L'absence d'entretien ruina
                                             les  peintures  murales  par
                Le sacrifice d’Isaac - Gouache -                             Le Christ et la Samaritaine - Gouache -
                    Collection particulière  l'écoulement  prolongé  des           Collection particulière
                                             eaux  de  pluie  et  si  cette
            chapelle,  transformée  aujourd'hui  en  lieu  d'exposition,  a  été  sauvée,  nulle  trace  de  la  décoration
            ancienne ne subsiste, les murs intérieurs ayant été ré-enduits et peints en blanc. N'ayant pas, pour
            l'instant, trouvé de photographies ou de descriptions de ces œuvres, nous ne pouvons qu'émettre des
            suppositions  à  partir  de  carnets  à  dessin  que  nous  avons  pu  examiner  et  sur  lesquels  on  voit
            l'élaboration  de  projets  d'art  sacré,  allant  de  simples  croquis  à  des  compositions  construites  qui
            pourraient nous donner des pistes sur ce que fut la ou les peintures murales de cette chapelle. On
            trouve des esquisses concernant le sacrifice d'Isaac, un saint Jean-Baptiste, Jésus et la Samaritaine
            ou encore l'ange et les saintes femmes, à l'entrée du tombeau du Christ. Un témoignage affirme que
            Marius Vasselon décora la chapelle axiale, dédiée à la Vierge, mais l’état actuel de nos recherches
            ne nous permet pas de repérer l’œuvre.
                    Le simple entretien d'une toiture, aurait suffit à préserver ces peintures, mais il est vrai que
            l'art du XIXe siècle a été, et reste d'ailleurs encore, méprisé et bon nombre d'œuvres d'excellentes
            factures, réalisées parfois par des prix de Rome, tombent en ruine, dans de nombreuses églises de
            France  dont  certaines  sont  d'ailleurs  détruites  sous  nos  yeux.  Même  à  Paris,  pourtant  une  des
            principales villes touristiques au monde, les églises sont dans un état lamentable ; des filets posés ça
            et  là  empêchent  la  chute  de  pierres  d'atteindre  les  passants  et  des  peintures  murales  sont  très
            endommagées.
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