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La décoration et l’art sacré Au tournant du siècle, une population instruite recevait et organisait
parfois des soirées poétiques ou musicales ; elle aimait s'entourer
d'œuvres d'art et certaines villas du bord de mer étaient décorées de
peintures, de sculptures et de vitraux. Au rez-de-chaussée de Ker Marthe, on reconnaît sur une
photo ancienne deux peintures murales représentant des sujets tirés des métamorphoses d'Ovide ;
une autre villa comprenait aussi des peintures de Marius Vasselon, représentant des Fables de la
Fontaine.
Notre artiste aurait également décoré un restaurant du Croisic et le café L'Océan à La Baule.
En 2010, une grande toile de (3,27 X 2,80 m.), provenant de la fille d'un antiquaire parisien est
passée en vente ; elle montre une scène, inspirée d'un banquet rabelaisien, qui pourrait provenir du
décor d'un cabaret.
Selon la mémoire familiale, Marius Vasselon aurait participé au programme iconographique
de la première église de
La Baule, Notre-Dame-
des-Flots (aujourd’hui la
chapelle Sainte-Anne),
construite, entre 1880 et
1886, en haut d'une dune,
face à la mer. Mais dans la
seconde moitié du XXe
siècle, ce bâtiment fut
laissé à l'abandon , selon
une démarche bien rodée
consistant à attendre que
la vétusté d'un édifice
serve à justifier une
opération immobilière. 30
L'absence d'entretien ruina
les peintures murales par
Le sacrifice d’Isaac - Gouache - Le Christ et la Samaritaine - Gouache -
Collection particulière l'écoulement prolongé des Collection particulière
eaux de pluie et si cette
chapelle, transformée aujourd'hui en lieu d'exposition, a été sauvée, nulle trace de la décoration
ancienne ne subsiste, les murs intérieurs ayant été ré-enduits et peints en blanc. N'ayant pas, pour
l'instant, trouvé de photographies ou de descriptions de ces œuvres, nous ne pouvons qu'émettre des
suppositions à partir de carnets à dessin que nous avons pu examiner et sur lesquels on voit
l'élaboration de projets d'art sacré, allant de simples croquis à des compositions construites qui
pourraient nous donner des pistes sur ce que fut la ou les peintures murales de cette chapelle. On
trouve des esquisses concernant le sacrifice d'Isaac, un saint Jean-Baptiste, Jésus et la Samaritaine
ou encore l'ange et les saintes femmes, à l'entrée du tombeau du Christ. Un témoignage affirme que
Marius Vasselon décora la chapelle axiale, dédiée à la Vierge, mais l’état actuel de nos recherches
ne nous permet pas de repérer l’œuvre.
Le simple entretien d'une toiture, aurait suffit à préserver ces peintures, mais il est vrai que
l'art du XIXe siècle a été, et reste d'ailleurs encore, méprisé et bon nombre d'œuvres d'excellentes
factures, réalisées parfois par des prix de Rome, tombent en ruine, dans de nombreuses églises de
France dont certaines sont d'ailleurs détruites sous nos yeux. Même à Paris, pourtant une des
principales villes touristiques au monde, les églises sont dans un état lamentable ; des filets posés ça
et là empêchent la chute de pierres d'atteindre les passants et des peintures murales sont très
endommagées.