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Par amour de l'art
Original Copie
Qui n’a jamais rêvé sur un coup de cœur d’emporter du musée où elle est
installée, une oeuvre d’art qui l’a ému, pour l’avoir chez soi juste un moment !
A moins de posséder les millions nécessaires, seule la magie de la copie peut
permettre d’envisager ce genre de fantaisie. Plus sérieusement, j’aimerais vous faire
partager quelques petits fragments de vie, ou de réflexion, sur la confrontation 4 3
entre l’œuvre d’art originale et son double. Ce ne sont que des anecdotes
personnelles sans prétention.
Peindre n’est pas mon métier. Très tôt, j’étais certes ému par quelques grandes
toiles, et je n’hésitais pas à faire des efforts pour aller les admirer, mais c’est tout. Je
me suis mis à copier les maitres bien plus tard, en même temps que j’achetais mon
premier nécessaire de peintre du dimanche, à l’orée de la quarantaine.
J’ai d’abord, dû oser.
Quinze ans après, c’est fait. Je profite d’un rare privilège, expérimenté sur le vif :
l’intimité avec l’œuvre.
On connait tous le vague sentiment de frustration qui s’insinue quand à
l’occasion d’une grande exposition l’on vient se presser une heure ou deux au
Louvre ou au Grand Palais, pour apercevoir à la hâte les tableaux, jouant des bras
au milieu d’une foule mouvante, toujours debout, sans recul et sans en profiter
vraiment. On est touché par la force et la rareté mais cela n’a rien à voir avec ce qui
arrive lorsque l’on vit au quotidien avec une grande toile, en fait avec sa copie, dans
l’intimité du logis. Un beau jour, rien ne laisse présager la joie que procure l’instant
magique, que l’on n’a pas du tout anticipé, quand la lumière, le moment, et cette
toile là se rencontrent, devant vous, dans un subtil échange.