Page 46 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
P. 46
REPORTAGE REPORTAGE Rv e p o r
REPORTAGE
SOPHIE KNAPP
OuiHop’, l’auto-stop urbain
tage
Des valeurs d’entraide, de solidarité,
de civisme et de bon sens
AVANT DE PRENDRE SA VOITURE, LUDOVIC ENTRE SON TRAJET SUR OUIHOP’.
Google Map, Citymapper, Autolib’, Uber, Geovelo, Inrix, le smartphone de Ludovic, 47 ans, ressemble à un vaste catalogue du citadin mobile et connecté. Parmi les applications qu’il utilise régulièrement, OuiHop’ a pris une place de choix. Accro des cartes et des plans depuis son enfance, Ludovic navigue parmi tous les modes de mobilité urbaine : voiture, moto, scooter, vélo, marche à pied. Plus jeune, il a pratiqué l’auto-stop, comme Laurent Maghdissian, co-fondateur de OuiHop’ avec Franck Rougeau et Jean-Baptiste Boneu. Les trois jeunes hommes ont grandi en banlieue parisienne et connu les RER en grève et les bus qui n’arrivaient pas. Forts de cette expérience, ils ont créé en 2014 OuiHop’, la seule application d’auto-stop en ville 100% instantanée.
La mobilité en ville, c’est un peu la passion de Ludovic. Quand Vélib’ est lancé en 2007, il est parmi les premiers utilisateurs à tester le vélo dans les rues de Paris. A l’époque, il n’existe
46
le moteur de l’économie,
qui s’incarnait au xxe siècle dans un pétrole abondant
et peu cher, a changé de visage. il s’est déplacé du côté
des milliers d’individus connectés entre eux. pour le co-auteur de «l’âge des multitudes », nicolas colin , ils constituent le fondement de la révolution numérique. parmi eux, ludovic, utilisateur de ouihop’, l’application d’auto-stop
en ville.
pas encore d’application mais Ludovic y voit déjà une nouvelle forme de mobilité connectée via Internet. Salarié chez Air France, il est aussi l’un des premiers à s’inscrire sur le site interne de covoiturage lancé par l’entreprise. Une initiative qui s’est soldée par un échec. «Les gens ne veulent pas être coincés avec le même collègue tous les jours, souligne Elisabeth Grosdhomme Lulin, directrice générale de la société d’études et de conseil de prospective et d’innovation Paradigmes et caetera. Les gens veulent bien partager leur voiture mais sans contrainte. Un covoiturage entre collègues peut vite créer des obligations ; il faut attendre le collègue en retard, faire parfois un détour et respecter les horaires convenus à l’avance ». Un problème qui n’existe pas avec OuiHop’. La liberté et l’instantanéité, des principes qui ont séduit Ludovic : « Si je ne veux pas prendre de passager, je n’allume pas mon application. » C’est pour marquer cette différence que Laurent
L’âge des multitudes, entreprendre et gouverner après la révolution numérique, Nicolas Colin et Henri Verdier, Armand Colin, 2015
© Sophie Knapp