Page 47 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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LUDOVIC EST UN «OUIHOPER» ACTIF QUI A LE SENTIMENT D’APPARTENIR À UNE COMMUNAUTÉ.
Maghdissian préfère parler d’auto-stop plutôt que de covoiturage : « Il n’y a jamais de prise de rendez-vous programmée. On prend simplement quelqu’un sur son passage, comme en auto-stop. »
C’est pourtant avec un collègue que Ludovic a commencé à utiliser OuiHop’. Le principe est simple : en tant que conducteur, il rentre son trajet sur son téléphone et celui-ci devient un GPS qui publie son itinéraire sur l’application. S’il prend un passager durant son trajet, il gagne une monnaie virtuelle, « Hopiz », qu’il peut convertir en récompense : carte de lavage, bon d’essence ou place de parking. De son côté, le passager sait par géolocalisation quelles voitures se trouvent dans son périmètre et vont au même endroit que lui. Si un trajet l’intéresse, il se manifeste et sa demande est transmise à l’automobiliste. Pour bénéficier de ce service, il doit s’acquitter de 2 euros par mois.
Une mobilité collaborative et ludique
Avec ses 15 000 utilisateurs, ses 30 000 trajets proposés par mois et ses 500 trajets effectués, OuiHop’ reste encore confidentiel. Mais la start-up est accompagnée dans son développement. Portée par le pôle de compétitivité Mov’eo, elle a le soutien de sponsors institutionnels. L’Ademe a financé ses expérimenta- tions et elle a été lauréate de la Green Tech Verte. En phase de croissance, ses fondateurs espèrent atteindre la rentabilité d’ici deux ans. Ils travaillent avec des collectivités pour créer des points stop permettant d’identifier les points de rencontre entre conducteurs et passagers. Un système peu coûteux qu’ils viennent de mettre en place sur le plateau de Saclay encore mal desservi par les transports en commun. Aujourd’hui, ils se développent du côté des
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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entreprises, misant sur la flexibilité de l’appli- cation pour que les salariés ne se sentent pas contraints. Et ils ont des ambassadeurs précieux pour les aider dans leurs démarches. Alors que Laurent Maghdissian tentait en vain de se faire connaître auprès d’Air France, c’est Ludovic qui a écrit au département du développement durable d’Air France pour vanter les mérites de OuiHop’. Son enthousiasme contagieux a permis une mise en relation rapide à laquelle Laurent Maghdissian ne croyait plus.
Les échanges avec les OuiHopers, comme les appellent les fondateurs de OuiHop’, sont fondamentaux à leurs yeux. Si les conducteurs et les passagers les aident à améliorer l’appli- cation au quotidien, ils sont aussi les meilleurs promoteurs de l’auto-stop connecté auprès des entreprises. Pour favoriser le partage, Laurent Maghdissian n’hésite d’ailleurs pas à appeler directement les OuiHopers qui le sollicitent. Lorsqu’il a eu Ludovic au téléphone pour la première fois, celui-ci ne lui a pas caché sa joie : « J’adore votre application ! J’en avais même rêvé avant que vous ne la lanciez !» Conscient d’appartenir à une communauté, séduit par l’aspect ludique, Ludovic aime tester les nouveautés des applications pour faire des retours et contribuer à leur amélioration. En cela, il participe à la smart attitude reven- diquée par les fondateurs de OuiHop’ : «Nous avons la conviction que notre application est un service public. Ce que nous cherchons, c’est rajouter une composante de mobilité à un service public. Nous sommes dans une logique pédagogique : initier des changements de comportement autour des valeurs d’entraide, de solidarité, de civisme et de bon sens. OuiHop’ n’est qu’un des éléments d’un monde plus logique où la notion de partage est très forte.» Un partage que Ludovic décline dans tous les domaines : partage du karsher entre voisins, échange de service de gardiennage d’animaux dans son quartier... Usager militant et coproducteur actif de la ville durable, il a récemment écrit à l’application Citymapper pour que ses concepteurs entrent OuiHop’ dans leurs paramètres de mobilité. Et il attend avec gourmandise l’arrivée de la Google Car et des applications de demain.
© Sophie Knapp


































































































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