Page 55 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
P. 55

L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
55
A Londres, peu de groupes locaux ont montré un intérêt pour ce dispositif. Comment l’expliquez-vous ?
Londres est la ville la plus multiculturelle et la plus inégalitaire d’Europe. Elle compte plus de 8 millions d’habitants et la population ne cesse d’augmenter. 31% des Londoniens sont nés hors du Royaume-Uni. Les inégalités se creusent, notamment en raison du coût élevé du logement et de la pression immobilière qui pousse les plus pauvres en périphérie. Il est plus difficile de faire de la planification de quartier dans une capitale qui compte une telle diversité sociale, économique, culturelle et de modes de vie, et dont les habitants sont très mobiles. Cela pose la double question : comment définit-on les limites d’un « quartier » et qu’est-ce qu’une « communauté locale » ? Le mot « community » est très employé dans le discours sur la parti- cipation citoyenne dans la planification, mais ce concept anglo-saxon n’est pas facile à traduire. Il y a un sous-entendu normatif selon lequel, dans une ville ou un espace plus rural, il doit y avoir une communauté préexistante de citoyens qui s’identifient à un espace et ont une vision claire de leur appartenance locale. Mais il est quasiment impossible de définir une telle « communauté locale » dans une métropole si diverse et hétérogène que Londres.
Quel est le profil des Londoniens
qui se sont mobilisés ?
Ce sont surtout des membres des classes moyennes et supérieures , dans des quartiers plutôt aisés ou en cours de gentrification, ou des membres d’associations locales déjà actives dans les champs de la protection du patrimoine, des espaces verts, de l’urbanisme. Tout comme
dans les processus traditionnels de participation citoyenne dans la planification (par exemple les enquêtes publiques), les classes populaires, les minorités ethniques, les plus pauvres sont souvent absents. Mais certains forums de quartier créés par des groupes sociaux plutôt aisés ont fait un gros travail d’ouverture et de communication pour impliquer plus de citoyens, au-delà de leurs réseaux sociaux habituels. C’est le cas de celui de Highgate (situé entre les boroughs de Camden et Haringey) et celui de Chatsworth Road, situé dans le borough de Hackney. Hackney est l’un des arrondissements parmi les plus multiculturels et les plus pauvres de Londres, avec 40 % de logements sociaux et des poches de gentrification assez fortes.
Qu’est-ce qu’une
« communauté locale » ?
www.metropolitiques.eu/The-Localism-Act-in-London.html
© Sophie Knapp


































































































   53   54   55   56   57