Page 35 - IHEDATE l'annuel 2015
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L’arrivée de cette industrie de l’investissement ne s’est pas faite toute seule, du jour au lendemain, sous la seule pression d’acteurs financiers à la tête de liquidités importantes. Les travaux de Ludovic Halbert
qui vise à transformer le bâti, qui est immobile, en un ensemble de titres qui peuvent être négociés de manière très « liquide ». Ces politiques d’Etat se font à travers le lobbying de quelques organi-
Des entreprises et des territoires I35
ménages puissent enrichir leur épargne en se portant proprié- taires d’immeubles d’entreprise qu’ils ne pourraient pas acheter à titre individuel.
Comment ces dispo- sitifs ont-ils pu voir le jour ? La présence forte de quelques lobbies comme des sociétés d’assurances et deux grandes organisations, la FSIF (Fédération des sociétés immobi- lières et foncières) et l’ASPIM (Association française des sociétés de placement immobi- lier) permettent de comprendre comment
s’est imposé ce que Ludovic Halbert nomme « un immobilier financiarisé », au sens où ce sont des investisseurs qui sont à la tête d’un capital financier.
Une industrie minoritaire mais très influente
Tous les immeubles de bureaux de France sont-ils concernés par cette industrie ? Loin de là. Cette industrie de l’immobilier financiarisé possède seulement 15 % à 20 % de l’immo- bilier d’entreprise en France.
Les chiffres manquent de précision : il est impossible d’obtenir les chiffres exacts parce qu’on est face à des gens discrets qui communiquent peu. En revanche, cette industrie est extrêmement efficace pour faire valoir ses intérêts. Bien que minoritaire, c’est elle qui a obtenu des exonérations fiscales.
montrent que
nous sommes
face à un système
qui s’est construit
et s’est mis en
place au cours
du temps, notam-
ment à travers
publique. S’il y a toujours eu des investisseurs institutionnels dans l’immobilier, ils ont été utilisés par l’Etat dans le cadre d’un capita- lisme au sein duquel il y avait une très forte proximité entre les institutionnels du monde finan- ciers et l’Etat. Ils ont notamment été des outils pour développer la politique du logement. Mais ce qui a changé, c’est qu’on a désor- mais une politique d’ensemble
sations et elles sont portées par un ensemble de textes de loi. C’est par exemple le cas de la création des sociétés civiles de placement
immobilier (SCPI), ou encore des sociétés d’investissement immobi- lier cotées (SIIC). Les fonds sont cotés en bourse et beaucoup de gens en possèdent sans forcément le savoir, principalement à travers leurs produits d’épargne.
Ces dispositifs ne sont pas seule- ment permis par l’Etat, mais ils sont encouragés puisqu’ils bénéficient pour certains d’exo- nérations fiscales afin que les
Cette industrie
est très efficace pour faire peser ses intérêts.
une politique
LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ACCUEILLERA 9 300 MILITAIRES ET CIVILS.
© Sophie Knapp


































































































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