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NOUS N’ASPIRONS PAS AU REPOS, LES SOLUTIONS SONT À NOTRE PORTÉE !
3.1. EDUCATION
Montrant bien une des fragilités de notre société, il est cependant heureux que la solidarité, forme de fraternité républicaine, ait pu contenir a minima ce qui aurait pu être également une crise de la faim. Un des objectifs principaux de l’évolution de notre société vers une meilleure et plus grande intégra- tion du respect de l’environnement consiste à re- penser la production et la consommation agricole de notre société. Agir dans cette direction, demande de donner plus d’autonomie et d’indépendance tout en favorisant la production écologique et des cir- cuits courts de consommation.
Si cette inclinaison organisationnelle est juste, tient-elle compte d’une analyse sérieuse des be- soins de consommation actuels de l’ensemble de la population ? Les études ne manquent pas, certes, et pour autant...
Il y a en France environ 60 Millions de personnes, dont près d’une personne sur six vivant avec un re- venu réel en dessous du seuil de pauvreté. (Rapport Secours catholique 2015 / rapport INSEE 2019)
Si effectuer une transition écologique de l’alimenta- tion est un potentiel d’opportunité formidable, cela demande une adhésion citoyenne majoritaire et une capacité financière d’adaptation. Le rôle du po- litique au sein de notre démocratie est essentiel à ce sujet. Il n’est pas de transformation voulue sans choix .
L’autonomie alimentaire d’une société est un des facteurs conditionnant la qualité de vie. Nous ne pouvons faire fi de l’inertie du système actuel sans générer des crises sociales et économiques, encore plus d’inégalités et de misère. D’autant plus dans un contexte social de plus en plus tendu ces der- nières années.
Cette réalité de la pauvreté n’est pas visible, elle se cache et est cachée. Mais si nous n’en tenons pas compte, si nous n’intégrons pas cette problé- matique dans nos raisonnements, je ne vois pas comment nous pourrions prétendre construire une humanité meilleure, au sein de notre démocratie . En développant de manière programmée l’agroé- cologie, la permaculture, la re-végétalisation des espaces urbains, les circuits courts et en repensant les échanges internationaux de produits agricoles et
leur production, on peut sortir de manière échéan- cée de la dépendance de la France et de l’ Europe, de circuits et de filières ne tenant pas compte du facteur environnemental. Cela induit la construc- tion de nouveaux liens, la renégociation d’accords locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Cela implique de développer des savoirs faire et des savoirs faire-faire. Cela demande une cohésion nationale et citoyenne fédératrice des énergies de chacun et la définition d’un cadre respectueux des valeurs éthiques et morales de la République.
Cette évolution ne peut se faire brutalement sans conséquences, elle doit être pensée, construite, partagée afin de s’inscrire dans une visée civilisa- tionnelle du bien être, que chaque individu puisse l’accepter et y contribuer à la mesure de ses moyens, de ses possibilités. Le faire sans adhésion reviendrait sans doute à poser des actes juridiques et organisationnels de nature à être perçus par une part importante des citoyens comme injustes, inatteignable et trop complexe pour être intégrée. La notion de transition semble juste dans l’optique d’une évolution, d’une transformation. N’oublions pas que les taux d’abstention aux élections de ces 15 dernières années font preuve de la distanciation et de la défiance du citoyen dans la politique.
Trouver une source de financement à ces change- ments profonds, c’est avant tout créer les condi- tions de transformation de la consommation et de la production. Cela s’étend à la formation profes- sionnelle et à l’éducation. Cela impacte également le secteur des transports et de l’énergie. Il convient d’être réaliste et de bien mesurer l’alternative pro- posée aux organes économiques tenant le système actuel. La question de fond relève tout autant de l’écologie que de l’économie et de la manière dont chacun peut trouver une place juste et valorisante dans la société.
En d’autres termes, il est incontournable de re- penser la solidarité non comme la redistribution de miettes d’un repas auquel on n’est pas invité, et dont l’abondance est fragile mais comme un par- tage permettant un effet levier d’inclusion sociale. Nous avons à tenir compte à la fois de la notion de revenu mais également d’une logique de formation et de création d’emploi permettant de redonner du sens à l’intégration dans un système social.
 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P88
3.1.3. RÉFLEXIONS ET PROPOSITIONS SUR LE SUJET DE L’ALIMENTATION




















































































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