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 initiatives
 BOUCHES-DU-RHÔNE
Vingt mille lieux
sous les mers
C’est au volant de son scooter que Kamel Benabid arpente les rues du centre-ville de Marseille pour aller dispenser des soins à ses patients. Régulièrement, il troque sa mallette et son scooter pour un masque et une bouteille de plongée. Et part à la découverte des fonds marins.
TEXTE ET PHOTOS À LA SURFACE LAURE MARTIN PHOTOS SOUS- MARINES
KAMEL BENABID
En ce mois de mars, le soleil surplombe la cité phocéenne. Les gabians – nom occitan du goéland leucophée – se dégourdissent les ailes pendant que les vagues s’abattent doucement sur la coque du bateau, tout juste sorti du
port de la Pointe-Rouge. Kamel Benabid, à la barre, met le cap sur l’île de Riou, à proximité des côtes marseillaises. Ce bateau, qu’il partage avec son épouse et un groupe d’amis, est le moyen le plus pratique pour s’adonner à leur passion commune,
la plongée sous-marine.
En caisson hyperbare
avec des patients
Diplômé en 2001 de l’Ifsi de Vienne (Isère),
Kamel débute aux urgences d’une clinique lyonnaise (Rhône), avant de rejoindre l’hô- pital de Saint-Étienne (Loire). Puis en 2005, avec sa compagne Valérie, diplô- mée de l’Ifsi trois ans après lui, ils décident de partir aux Antilles, « car on avait envie de voir ailleurs et c’était le bon moment pour bouger ». Après un périple de quelques mois dans toute la Caraïbe, c’est finalement en Guade- loupe qu’ils découvrent la plongée sous-marine, au cœur de la Réserve Cousteau. « On a passé notre baptême de plongée là-bas, puis notre
niveau 1 qui nous a permis d’évoluer en palanquée * jusqu’à 20 mètres. » Après un an de travail et de loisirs sous le soleil, ils rentrent en France et passent trois mois à arpenter les routes marseillaises à bord d’un camping-car tout en faisant de l’intérim. Au lieu de partir comme prévu en Polynésie, c’est à Marseille qu’ils décident de poser leurs bagages, car « nous sommes tombés amoureux des calanques et de la vie ici. Nous avons retrouvé un club de plongée à La Ciotat où nous avons passé nos différents niveaux de plongée jusqu’à atteindre le niveau 4 permettant d’être moniteur-initiateur ». Et d’ajouter : « C’était le plus vieux club de plongée de France, celui qui a vu passer des légendes du monde de la plongée comme Albert Falco, chef plongeur de la Calypso [le célèbre navire du commandant Cous- teau], ce qui nous a motivés encore plus. »
En parallèle, les deux infirmiers reprennent leur travail à l’hôpital, à l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille. La passion de Kamel lui permet, après quelques années en réanimation, de travailler dans un service spécifique de l’hôpital, celui du caisson hyperbare. « Pour pouvoir travailler dans ce service, il faut être plongeur de niveau 2 minimum », explique Kamel, également formé à l’Institut national de plongée professionnelle ainsi qu’à l’hôpital. Car il accompagne les patients dans le caisson: « Nous devons donc être en mesure de le manipuler mais aussi de rassurer les patients et de leur expliquer comment équilibrer leurs oreilles avec la pression. » Les patients pris en charge dans ce type de service ont généralement des problèmes de cicatrisation. « L’oxygène dissous permettra, entre autres, d’ali-
 64 L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE - N° 325 - MAI 2016


















































































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