Page 41 - MOBILITES MAGAZINE N°4
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Politiques & institutions
uelle vision du transport ?
chez Benoît Hamon). Tous sont également favorables à une loi de programmation financière des in- frastructures sur cinq ans, comme cela se pratique déjà en allemagne, par exemple. Enfin, aucun candidat ne remet en cause le Versement Transport (VT), pas même François Fillon qui est revenu sur son an- nonce de début de campagne de supprimer cette source de finan- cement du transport public.
Situation de la SNCF
Outre ces zones de convergence, l’enquête de TDIE fait en revanche apparaître un net clivage entre le camp des souverainistes, repré- senté à gauche par Jean-Luc Mé- lenchon et à droite par Marine Le Pen, et celui des pro-Européens, représenté par Benoît Hamon, François Fillon et Emmanuel Ma- cron. ainsi, malgré leur opposition politique radicale, Jean-Luc Mé- lenchon et Marine Le Pen sont opposés à la transcription du qua- trième paquet ferroviaire européen dans le droit français. Ce qui, selon Philippe Duron, co-président dé- légué de TDIE, aurait pour inévitable effet « d’ouvrir une crise euro- péenne ». Sur le rail, la situation de la SNCF ne laisse pas les can- didats indifférents. Plusieurs solu-
tions sont proposées. Jean-Luc Mélenchon, hostile à la libéralisation du marché des autocars, prône le retour à un grand monopole de la SNCF. Emmanuel Macron se posi- tionne pour la reprise de la dette historique de l’entreprise, comprise, selon Philippe Duron, entre 20 et 24 milliards d’euros. François Fillon, conseillé par Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports, veut quant à lui supprimer l’Epic de tête de la SNCF et revenir à un modèle reposant sur deux entités séparées, Réseau d’un côté (ex- RFF) et SNCF Mobilités de l’autre.
Poursuivre ou non les grands projets transport
Les prétendants à l’Elysée ont eu également à s’exprimer sur la pour- suite des grands projets d’infra- structure de transport. Faut-il me- ner à bien l’autoroute ferroviaire Lyon-Turin, construire l’aéroport Notre Dame des Landes, réaliser le Canal Seine Nord ? Le candidat LR dit oui à tout, tandis que Jean- Luc Mélenchon s’oppose en bloc. Entre les deux, s’ils sont élus, Em- manuel Macron continuerait les projets et prendrait un médiateur pour six mois sur l’aéroport Nantes atlantique, tandis que la candidate du Front national mettrait son veto
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« Le sujet du transport n’a jamais percé dans les campagnes présidentielles. C’est un sujet trop technique et pas assez clivant sur le plan politico- médiatique », Philippe Duron, co-président délégué de Transport Développement Intermodalité Environnement – TDIE.
au Lyon-Turin, mais poursuivrait les deux autres chantiers. Enfin, Benoît Hamon, plus prudent, tirerait définitivement un trait sur la construction d’un aéroport sur le site actuel de Notre-Dame-des- landes et lancerait une « confé- rence de consensus » sur Seine Nord et Lyon Turin.
Véhicule propre et voiture ancienne
a travers de leurs réponses, tous les candidats ont montré une grande attention sur la question de la décarbonation. « C’est une évolution par rapport aux cam- pagnes précédentes, particulière- ment, celles de 2002 et, dans une moindre mesure de 2007, où le sujet était majoritairement porté par les Verts », note Philippe Duron. Mais, sur ce thème, les divergences sont fortes. Les trois candidats de gauche, rejoints sur ce point par Marine le Pen, défendent le dé- veloppement des transports en commun tandis qu’à droite, François Fillon et Marine Le Pen affichent la volonté de dédiaboliser la route. La priorité à donner au véhicule propre est le seul point sur lequel les candidats tombent d’accord même s’ils n’ont pas forcément la même vision de ce qu’il sera de- main (électrique, hydrogène, bio- gaz...). Quant à la voiture auto- nome, Jean-Luc Mélenchon y est farouchement opposé. Les autres candidats adoptent pour leur part une position d’ouverture et sou- haitent que l’Etat accompagne son développement en jouant son rôle de régulateur.
MARIE-NOËLLE FRISON
transPorts : quelles consignes De vote ?
Philippe Duron, député Ps du Calvados, ne donne aucune consigne de vote. « Transport Dé- veloppement Intermodalité Environnement - TDIE est une association transpartisane avec un co-président de gauche et un co-président de droite (Louis Nègre). Ce travail a pour objectif de permettre aux candidats de s’exprimer et aux citoyens de se prononcer », rappelle Philippe Duron. sa seule recommandation s’adresse au prochain représentant des transports au sein du futur gouvernement, dont la toute première mesure devrait être de faire voter une loi de programmation nancière à l’échelle du quinquennat.
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