Page 21 - Mobilités magazine n°8
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Technologies & innovations
effectivement du biogaz, mais ce- lui-ci n’est pas utilisable directement sur des véhicules GNV. Par ailleurs, deux autres problématiques ap- paraissent rapidement. tout d’abord le lieu de production est généra- lement assez éloigné de centres urbains, et seuls les véhicules ap- provisionnant les usines de mé- thanisation en déchet peuvent s’y ravitailler facilement. D’autre part, la production de biogaz est conti- nue, alors que les remplissages des véhicules sont ponctuels. L’équation semble donc insoluble.
Comment valoriser
le biogaz ?
C’est là que la nouvelle politique
des gestionnaires de réseau de gaz entre en jeu. Depuis quelques années, Grtgaz et GrDF autorisent l’injection de biogaz épuré sur leurs réseaux respectifs. Les premières unités de méthanisation injectent du biométhane depuis deux ans maintenant. La plupart des projets d’unité de traitement de déchet envisagent l’injection de biomé- thane comme voie de valorisation du biogaz. Pour mémoire, le bio- méthane est considéré comme une énergie renouvelable. C’est donc un combustible « vert ». Les objectifs des gestionnaires de ré- seaux sont ambitieux : 50% de gaz d’origine renouvelable dans les réseaux à horizon 2050.
Nos problématiques d’accès au biométhane sont donc résolues : les réseaux de transport et de dis- tribution acheminent le biométhane jusqu’aux utilisateurs et font office de stockage tampon. En revanche, pour les distributeurs de GNV, il est impossible de faire le tri entre les molécules de méthane issues du gaz naturel et les molécules is- sues de méthanisation. Le système des garanties d’origine permet de lever cet obstacle.
Un biogaz garanti d’origine
Le système de garanties d’origine permet l’enregistrement des MWh produits à partir d’énergies renou- velables (solaire, hydraulique, dé- chets, etc.) dans un registre national et européen. Le consommateur désirant s’approvisionner en éner- gie renouvelable achète ces ga- ranties d’origine via son contrat d’achat de gaz ou d’électricité : ce sont les contrats « verts » proposés par les commercialisateurs d’éner- gie. Chaque fois qu’un MWh est consommé au travers de ces contrats, une garantie d’origine est effacée des registres. Le système permet une traçabilité de l’énergie et enregistre l’unité de production et la période de production. Il est donc possible de « consommer » les garanties d’origines qui ont été émises sur une unité spécifique. Une partie de la valeur d’achat de la garantie d’origine est reversée à l’unité de production. Avec cet ensemble d’outils, un réseau de transport urbain d’une métropole peut donc s’approvisionner en « bioGNV » issue d’une unité de méthanisation proche sur une sta- tion GNV classique. L’achat des garanties d’origine permet de fi- nancer directement l’unité. Le ré- seau de transport urbain devient donc un acteur local de l’économie circulaire. z
PHILIPPE SAMAT
MOBILITÉS MAGAZINE 08 - OCtObrE 2017 - 21

