Page 74 - MOBILITES MAGAZINE N°2
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Politiques & institutions
modifie la donne. On ne doit pas faire une régulation par l'argent mais par la pertinence de l'action publique ». « L'autocar n'est pas le parent pauvre du transport », clame Yves Nicollin, député-maire de Roanne, prenant en exemple la liaison Roanne-Le Creusot TGV, et « depuis que nous n'avons plus la possibilité de faire Roanne-Bordeaux en train, comment ça se passe ? Vous avez des autocars qui vous y emmènent ! [...] Si la solution tech- nique et humaine c'est le car, je pense qu'il faut bien évidemment se poser cette question là ». Franck Lacroix, Directeur général TER SNCF, entend réduire les coûts par la baisse des coûts de distri- bution : « on a une opportunité aujourd’hui, celle d’être dans un monde digital : à une époque on faisait 100% de la distribution en guichet. Désormais 100% des billets TER sont disponibles en format di- gital. Pour autant, on est capable de développer notre présence ter- ritoriale : on a inventé des guichets mobiles ».
Ceci pose toutefois la question de l'accès à internet, très inégal suivant les territoires, celui de l'âge des clients et des moyens de paiements à disposition ! Un sujet décisif pour les futurs outils de mobilité tant vantés par les techniciens, les opé- rateurs et les élus.
« on a une opportunIte aujourd’huI, celle d’etre dans un monde dIgItal : a une epoque, on faIsaIt 100% de la dIstrIButIon en guIchet »
8QUELLE exPloitation ?
Michel Neugnot, vice-président de la région Bourgogne-Franche- Comté : « chez nous, on va réserver un paquet de lignes qui représentent 12% des dessertes actuelles, avec des caractéristiques différentes : une ligne nouvelle comme Belfort- Delle ou des lignes où le poids du domicile/travail est inférieur au trafic du week-end et des vacances : c'est le cas de la ligne des Hiron- delles ou la desserte du Morvan par le nord et par le sud.
On pense qu'il peut y avoir un projet de territoire à concevoir avec les acteurs locaux pour développer cet attrait touristique, sans l'opposer aux liaisons habituelles des trajets domicile/travail. Mais il n'y a pas de ligne rentable, ça n'existe pas. Ce qui existe, ce sont des lignes où
la contribution au titre du service public est plus ou moins impor- tante. Est-ce qu'on fait un lot unique, ou des lots jumelés par exemple avec le Grand Est pour des questions de continuité ou de problématiques identiques. L'objectif est de définir quelle expérimentation ? Pour quoi faire ? Quels sont les critères que l'on a identifiés ? Voir ensuite, avec l'opérateur historique [le renouvel- lement de la convention avec la région se fera avant l'ouverture à la concurrence, ndlr], pour voir com- ment on fait pour y arriver».
Le député-maire de Roanne, Yves Nicollin veut un territoire d'expéri- mentation vaste, « il faut le faire avec toutes les régions. Nous ap- prendrons dans les mois qui vien- nent s'il y a des expérimentations plus réussies que d'autres. Le faire d'une façon générale à l'ensemble des régions est impossible, en tout cas pas d'un coup : il faut le faire par allotissement !
Dominique Riquet, vice-président de la Commission Transports au Parlement européen, propose une approche non restrictive : « l'éche- lon régional est pertinent à condition qu'il ne fasse pas perdre de vue aux opérateurs une échelle natio- nale, pour une bonne gestion, et les capacités d'échanges inter-ré- gionaux à l'échelle européenne. Elles ont beaucoup de pertinence. Je crois plus à l'Europe des régions qu'à l'Europe des nations, c'est d'ailleurs celle qui a plus de réalité lorsqu’on la voit depuis Bruxelles ». Et Alain Bonnafous du Laboratoire Aménagement Economie Trans- ports de conclure : « je signale qu'il y a quelques travaux universitaires qui ont relevé un paradoxe : c'est précisément sur les lignes les moins rentables, les plus assoiffées de subventions qu'il peut y avoir intérêt à faire jouer le levier d'une meilleure productivité, contrairement à ce que l'on peut penser et à ce qu'a déclaré le Secrétaire d'Etat ».
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Franck Lacroix, directeur général de TER SNCF.
« On peut aussi avoir une ouverture à la concurrence sans transfert de personnels. Sur une petite ligne, un opérateur vient avec ses personnels, lesquels pourraient être, par exemple des retraités de la SNCF »
DIDIER AUBERT
74 - MOBILITÉS MAGAZINE 02 - MARS 2017