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tANALYSE / Exploitants & réseaux X NANTES : LE SYSTEME CHRONOBUS
ATTEINT SES LIMITES
Difficile d’abattre des arbres, voire des maisons pour mieux faire passer les bus. Nantes réfléchit à une autre évolution de son réseau.
Ils font gagner 100 000 voyageurs par an au transport public. Les chronobus, baptisés « C », ces
sept lignes de bus régulier et rapide en pleine ville - performance ob- tenue grâce à des aménagements de voirie taillés au cordeau, en gagnant de la place ici sur les par- kings, là sur le passage des voitures, pour installer des bouts de couloirs réservés - n’en sont pas moins re- mis en cause pour l’avenir. Une C10, pourtant maillante, à tracer sur les boulevards du XiXe vient de passer à la trappe du pro- gramme prévu, trop compliquée à réaliser. « Une fois que nous aurons réalisé l’extension et les deux nou- velles lignes prévues pour 2018... », soupire Bertrand Af lé, le vice- président de Nantes Métropole aux déplacements. Car si la fréquentation répond bien aux hautes fréquences et aux ho- raires élargis de ces lignes, les chronobus n’apportent pas les ré- ponses à l’augmentation continue de la circulation automobile. « Leur vitesse commerciale est inégale », concède Bertrand Affilé.
soit 20,1 km/h en moyenne, de 16,5 km/h dans le centre-ville à 25,9 km/h en dehors, confirment les transports de l’agglomération nantaise (tAN). « C’est pourtant la clé du report modal », rappelle Ay- meric Gillaizeau, de la Fédération nationale des associations des usa- gers des transports (Fnaut). pour lui, la performance des chronobus pâtit de certains aménagements
de voirie. « Quand on multiplie les ronds-points et les plateaux en dos d’âne, les conducteurs ne peu- vent respecter la vitesse demandée, sauf à brinquebaler ses passagers», poursuit-il. Autre frein, pour lui, la trop abondante circulation auto- mobile et son insuffisante régulation par des feux pour vraiment donner la priorité aux bus. Ce que conteste le service des transports de Nantes Métropole, « sauf cas particulier, vraiment aux heures de pointe ». Mais la pression automobile l’in- quiète tout de même bel et bien. « Nous allons chercher des passa- gers, au-delà du périphérique, en aménageant des parking-relais bien plus loin. En améliorant aussi le covoiturage, au Nord, par un sys- tème commun à nos deux villes de Rennes et Nantes », annonce Bertrand Affilé, pour le court et moyen terme. A plus long terme, l’agglomération se donne pour priorité les trajets autour de Nantes. Le réseau de
N Les chronobus font gagner
100 000 voyages par an au réseau de transport.
Mais leurs vitesses commerciales sont inégales.
N Bertrand Affilé, vice-président aux déplacements Nantes Métropole . « Une fois terminée, les trois lignes prévues pour 2018, il faudra un autre système ».
transport public, avec ses trois tramways, son bus à haut niveau de service (BhNs), ses chronobus et ses bus, parce qu’il pointe vers le centre, parce qu’il est très peu maillé, n’apporte pas de solution. La voiture règne donc en maître. La réorganisation du territoire n’a pas non plus produit ses effets. « Le transport ne se rend plus qu’en zones suffisamment denses. Mais nous avons encore lancé des zones d’activités, impossibles à desservir, au début des années 2000. Nous sommes toujours en transition. Ce qu’il faut pour les transports, ce sont des zones mixtes avec des habitations aussi », ex- plique Bertrand Affilé. Comment faire ? C’est l’objet d’une révision du plan de déplacement urbain qui vient d’être lancée. et Bertrand Affilé promet d’ores et déjà des surprises. Mais la vitesse commer- ciale risque de rester une bonne question pour un moment.z HUBERT HEULOT
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