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Politiques & institutions
POINTDEVUE/Charles-EricLemaignen unpassionnéauservicedutransport t
pavillonnaire, n’est-il pas normal de contribuer ? Le transport public n’est pas un taxi. On ne peut pas mettre un bus derrière chaque maison individuelle. C’est pourquoi je suis davantage favorable à une politique du « transfert modal » laquelle donne aux individus des solutions pour laisser leur voiture au garage plutôt qu’à une politique d’aménagement du territoire avec beaucoup de lignes secondaires à faible fréquence et à faible fré- quentation. Le Transport à la De- mande ( TAD) est une solution moyenne, relativement chère pour un service de qualité médiocre. Les exploitants n’ont pas eu assez d’imagination en la matière. En re- vanche, je crois que l’économie collaborative peut permettre d’al- léger la charge. Des dizaines de start-up se créent et proposent des services super intelligents de covoiturage, d’autostop organisé, d’autopartage de proximité. Au- jourd’hui, ce foisonnement d’offres révèle la lourdeur de nos solutions publiques qui sont peut-être trop coûteuses par rapport aux services rendus. J’estime que la puissance publique ne doit pas tout gérer. Elle doit expérimenter, elle doit lancer des initiatives. Après, si elle peut se désengager, c’est tant mieux !
: En 2018, l’agglomération d’Orléans va
renouveler sa Délégation de Service Public (DSP), confiée depuis 2012 à Keolis. Qu’attendez-vous des candidats à l’appel d’offres ? C.-E.L. : Nous avons lancé une pre- mière démarche au moment de la semaine de la mobilité, en sep- tembre dernier. Il s’agit de dresser un état des lieux des besoins en matière de transport périurbain. Pour cela, nous avons segmenté
le public par catégories : personnes isolées, familles et actifs. Sur ce dernier périmètre, nous avons en- quêté auprès de trois entreprises dont Dior et La République du Cen- tre sur les trajets domicile/travail de leurs collaborateurs. En parallèle, nous avons sélectionné une tren- taine de clients potentiels pour des entretiens qualitatifs très poussés sur leurs usages des transports en commun. En février prochain, nous inviterons au Lab’O, notre incubateur numérique, tous les exploitants, les start-up de la mobilité et les taxis. La solution des taxis collectifs est à explorer. En mars, nous ferons un atelier de restitution générale et nous intègrerons les résultats dans le cahier des charges, lequel sera finalisé au printemps prochain, dix huit mois avant la fin de la DSP. Nous souhaitons laisser une part de liberté aux exploitants, ne pas figer les choses, ne fermer aucune
des solutions multiples. Il n’y a ja- mais de solutions uniques en trans- port. Si investir dans le capital d’une start-up locale permet d’avoir un meilleur service pas plus coûteux pour les clients, je signe tout de suite !
: Orléans devrait bientôt devenir métropole.
Quel sera son rôle en matière de mobilité ?
C.-E.L. : Orléans devrait passer mé- tropole, c’est quasiment gagné. Contrairement au géographe Chris- tophe Guilluy, je ne pense pas que les métropoles vont tuer le rural. Il faut qu’il y ait des locomotives pour faire avancer les wagons. Je crois que les métropoles doivent montrer qu’elles ont un pouvoir d’entraînement a minima sur leur aire urbaine, voire plus si affinités. La méthodologie de construction d’un transport intégrant les nou- veautés de l’économie digitale et de l’économie collaborative décrite plus haut est tout à fait applicable au périurbain hors agglomération. Je souhaiterais que l’on ait des contrats entre notre métropole et les communautés de communes avoisinantes dans lequel on par- tagerait notre ingénierie pour met- tre en place des systèmes de trans- port plus adaptés à leurs besoins.
: Vous êtes président de l’agglomération
d’Orléans depuis 2001. Quel est le bilan de ces quinze années en matière de mobilité ?
C.-E.L. : On a largement augmenté la fréquentation de nos lignes. On était en dessous de 20 millions de voyageurs par an. On est mainte- nant à 32 millions ! On a réalisé la seconde ligne de tram. Nous avons fait le choix de faire un tramway relativement cher au kilomètre.
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porte. Je souhaiterais qu’il y ait des périmètres de DSP qui soient « agiles ». Je ne suis pas sûr qu’il soit indispensable qu’un seul ex- ploitant gère l’ensemble du péri- mètre des transports publics. Pour le périurbain, ils pourront proposer des solutions en option. Nous choi- sirons certaines d’entre elles et nous en délèguerons à d’autres partenaires. On doit pouvoir trouver
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N En 2017,
le budget transport /mobilités d’Orléans Métropole est de 67,8 millions d’euros (investissement et fonctionnement) dont 50,5 millions d’euros pour la DSP TAO (TRAM, BUS, Vélo TAO, Auto TAO, vélo+).
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