Page 71 - MOBILITES MAGAZINE N°01
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                  Politiques & institutions
       J’assume complètement cette dé- cision. Le tram a permis à l’agglo- mération d’asseoir sa politique de mobilité. Dans le même temps, la ville d’Orléans s’est appuyée sur cet outil pour faire un travail co- lossal de transformation de son centre-ville. Aujourd’hui, les deux lignes de tram représentent les deux tiers des personnes transpor- tées sur l’agglomération. Si j’ajoute les huit lignes fortes de bus, j’ai 93% des personnes transportées. C’est-à-dire que les quelque 22 ou 23 lignes qui restent ne transpor- tent que 7% de mes voyageurs. Ce travail de hiérarchisation des lignes a été effectué en deux étapes, entre 2003 et 2005 d’abord, puis en 2011-2012 pour accompa- gner la seconde ligne de tram. Nous avons également développé une politique vélos qui n’existait pas. Nous avons déployé - une se- maine avant Paris ! - notre sys- tème de vélos libre-service (Velo plus). Exploité par Effia (groupe Keolis), il est le premier dispositif en France à être déconnecté de l’affichage urbain. Le vélo était à 3% de part modale en 2003. On était à 5,5% en 2014. On devrait donc atteindre sans difficultés no- tre objectif de 6% à fin 2017. Le vélo fait partie intégrante de notre politique de mobilité. Il sera intégré dans la prochaine DSP.
Quant à Flex’O, le service de Trans- port à la Demande accessible sur
réservation deux heures à l’avance, cela n’a pas été un franc succès. Il y a des réseaux qui font mieux.
: Quelles sont les difficultés que vous avez eu
à gérer en matière de transport ?
C.-E. L. : La seconde ligne de tram était un chantier passionnant. Ceci dit, je ne renouvellerais pas l’ex- périence car la réalisation d’une ligne de tram en centre-ville, en milieu dense, c’est lourd à mettre en œuvre. C’est compliqué parce que ça bouleverse les habitudes. Il faut gérer les contestations des commerçants, les exigences des maires, faire en sorte que le tout soit équilibré entre les uns et les autres. Une expérience comme celle-là, ça fait le cuir ! J’ai égale- ment eu des combats avec la SNCF. La gare des Aubrais n’était pas accessible aux personnes han- dicapées. J’ai fait des pieds et des mains, j’ai hurlé auprès de Guil- laume Pépy, président du directoire de la compagnie ferroviaire natio- nale. Finalement, après deux ans d’études et un an de travaux, la gare aura ses trois ascenseurs. La SNCF est une entreprise passion- nante. Il y a une culture maison impressionnante, des ingénieurs fabuleux mais discuter avec elle, c’est compliqué. C’est une culture du monopole. Ce sont des grosses rigidités, c’est la technique et pas
le commercial. Vous n’avez pas les mêmes équipes une fois sur l’autre. L’avantage, c’est que ça apprend à négocier !
: Vous allez quitter votre fonction de président d’agglomération pour vous
présenter aux élections législatives. Si vous êtes élu député, quels sujets porterez-vous au débat public ?
C.-E. L : Il y a des thèmes qui me sont chers et le transport en est un. La problématique m’intéresse pour une triple raison. Primo, c’est un sujet transverse, essentiel d’un point de vue sociétal. Deuxio, c’est terriblement complexe et ça de- mande un vrai investissement pour bien comprendre la logique. Tertio, c’est un enjeu financier considérable avec un système de financement à bout de souffle. Si je siège à l’Assemblée nationale, je me battrai donc pour maintenir le versement transport (40% des recettes du transport public). On ne peut pas l’augmenter parce que c’est un im- pôt qui pèse directement sur les salaires, mais je trouve paradoxal que les sociétés qui logent et trans- portent leurs salariés en soient exonérées. La SNCF est l’entreprise la plus exonérée du VT, alors que c’est une de celles qui en profitent le plus ! z PROPOS RECUEILLIS
PAR MARIE-NOËLLE FRISON
Je prends le tram de temps en temps, rarement le bus.
Je fais beaucoup de vélo, surtout pour mes déplacements
personnels en ville. Pour aller au travail, j’utilise ma voiture car je suis toujours très chargé ! Pour me rendre à Paris, je me fais conduire en voiture. Cela me permet de travailler, de téléphoner. Je ne suis pas le monsieur qui interdit aux gens de prendre leur bagnole ! J’en ai un peu marre des gens qui font de l’idéologie, y compris du vélo. Je suis contre l’obsession du mode !
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 MOBILITÉS MAGAZINE 01 - FÉVRIER 2017 - 71
  














































































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