Page 60 - Voyages & Groupe N°2
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                Dans l’antre du grand enfant poète
>Produit Musée Raymond Devos. Avec sa silhouette imposante, ses cheveux noirs jais,
son costume bleu, son nœud papillon et ses bretelles, il ne ressemble à personne : l’artiste nous a quittés en 2006. Il s’est éteint dans sa maison de Saint-Rémy-lès-
Chevreuse (Yvelines), là où le 7 novembre 2016 a ouvert « son musée ». Visite guidée.
 Radioscopie
 Une fois rien, c’est rien ; deux fois rien, ce n’est pas beaucoup, mais pour trois fois rien, on peut déjà s’acheter quelque-chose, et pour pas cher » ; « comment pouvez-vous identifier un doute avec certitude ? A son ombre ! L’ombre d’un doute, c’est bien connu » ; « le car pour Caen passe au quart » ; « il m’est arrivé de prêter l’oreille à un sourd, il n’entendait pas mieux »... Jongleur de mots, prince de l’absurde, acro- bate des expressions, manipulateur et amoureux de la langue française, ainsi était Raymond Devos. Lui qui fut poète, acteur, mime et musicien. Il naît en 1922 à Mouscron en Bel- gique, fait sa première tournée théâtrale en 1946, écrit ses pre- miers textes en 1956, fait son pre- mier one man show à Bruxelles en 1963, son premier Olympia en 1968, son premier Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier en 1979 (plus de 20 millions de télé- spectateurs !), reçoit le « Molière » du meilleur spectacle en 1989... Avant de quitter la scène le 15 juin 2006. Il s’est éteint, chez lui, dans sa propriété (belle maison du XIXe siècle) de Saint-Rémy-lès-Che- vreuse dans le département des Yvelines, là où il avait passé les 43 dernières années de sa vie.
Musée, mais pas trop...
« Raymond Devos n’avait pas d’en- fant, alors il a pensé à la création d’une fondation à qui il léguerait sa maison, dans l’idée de la trans- former en musée, un lieu où se perpétue son œuvre et se trans-
mette l’art de l’humour qu’il consi- dérait comme un art d’excellence », raconte Anne-Marie Jancel, admi- nistratrice de la Fondation Raymond Devos (et proche de l’artiste), qui a été créée en janvier 2009. Mais, quel musée faire ? « Nous avons commencé par organiser des visites de la maison en l’état en 2010, sans rien toucher, poursuit-elle, mais cela n’a pas vraiment marché. Nos premiers visiteurs trouvaient que c’était une maison comme une autre, et n’avaient pas le sen- timent que celui qui l’habitait était Raymond Devos ». L’idée de trans- former la propriété en un musée s’est alors imposée, avec « la vo- lonté de faire partager au public à la fois la vie privée de l’artiste et son œuvre par un aménagement plus muséographique. Le tout en créant des espaces d’exposition dans certaines pièces de la maison et en laissant d’autres en l’état,
zRaymond Devos a vécu les 43e dernières années de sa vie à Saint-Rémy-lès- Chevreuse, là où aujourd’hui sa maison est désormais ouverte aux visiteurs.
mais mieux mises en valeur », ex- plique Anne-Marie Jancel. Seules, deux pièces ne sont pas accessibles aux visiteurs.
Le projet a nécessité six années de travail, réalisées en plusieurs étapes. Entre les travaux dédiés, par exemple, à l’installation d’un ascenseur (la maison est sur deux étages), de toilettes, d’un comptoir d’accueil pour les visiteurs, et bien sûr, l’aménagement du musée pro- prement dit. Il ouvre ses portes le 7 novembre 2016, après avoir été inauguré en présence de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication. Accompagnées toutes deux de nombre de per- sonnalités du monde de la chanson, du théâtre et du cinéma, toutes portant une échappe rouge. Robert Hossein, Michel Boujenah, Michel Legrand, Line Renaud, François
60 - Voyages & groupe 02 - MARS 2017






















































































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