Page 44 - Voyages & groupe n°14
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6 questions à...
Andrian Gurdi, réceptif francophone à Kisinau
Voyages & groupe : comment expliquer que votre pays
soit, sur le marché français, le moins touristique d'Europe ?
Andrian Gurdis : c'est un petit pays, resté longtemps sous emprise soviétique. En 1990, il a rencontré beaucoup de problèmes internes : le pouvoir avait autre chose à faire que pousser le tourisme ! Ce n'est qu'en 2010 qu'il s'y est intéressé... pour accueillir son marché naturel : les Russes. En 2013, un traité de collaboration avec l'Union européenne a été signé. Fin 2017, le premier
office de tourisme officiel a pris le relais d'initiatives privées. J'ai ainsi repris le concept lancé par Carine Rouvier (qui a contribué à la réalisation de ce reportage, ndlr), pionnière sur le marché français. N'ayant pas d'image, la république de Moldavie est aussi confondue avec la partie moldave de la Roumanie. De plus, elle traîne des clichés de violence, alors que des organisations états-uniennes viennent de l'élire... pays le plus sûr du monde! Ce peu de succès est dû aux défauts de ses qualités : le pays est resté tel quel, avec une nature intacte, et de vrais villages comme on n'en voit plus en Union européenne.
V&G : ayant étudié en France, vous avez choisi le marché français. Quels sont
nos centres d'intérêt ?
A.G. : d'abord, la découverte de la capitale, ensuite la Transnistrie, le Vieil Orhei et les caves de Cricova aussi. D'autres producteurs moins connus - sans oublier le konyak de Transnistrie - peuvent faire du vin un bon thème.
V&G : où en est le secteur groupes ?
A.G. : mon agence est en train de pousser les groupes de plus de 20 pax, qui ne sont pas le premier marché. Nous travaillons à un meilleur partage des charges pour offrir un prix correct. Du reste, les autocaristes ne viennent pas avec leur véhicule, mais en avion, pour des programmes de deux/trois ou cinq-six jours.
V&G : pour quel programme ?
A.G. : la première journée se fait dans la capitale, avec le marché central, resté comme en 1960, les parcs, le musée national. Ensuite la Transnistrie. Pour un programme de plus de quatre jours, on visite la forteresse de Soroca et ses 200 maisons tziganes, plus rarement le sud, hélas, avec le territoire indé- pendant et très particulier des Gagaouzes (des Turcs chrétiens, ndlr).
V&G : quelle est la meilleure période pour venir ?
A.G. : le pays a ses quatre vraies saisons. La meilleure période reste mars-octobre, parce qu'il fait chaud. Signalons que le site d'Orhei est le décor de deux festivals : un d'électro en août, un de classique en septembre.
V&G : les problèmes ?
A.G. : les procédures de passage en Transnistrie se sont simplifiées. Le plus dur est d'obtenir des passagers des autocars qu'ils ne fassent pas de photos à la frontière - ce qui est interdit - comme à toutes les frontières ! Après, l'infrastructure reste peu développée. Les rares cinq étoiles sont plutôt des quatre étoiles, mais la gentillesse du service rattrape beaucoup de choses ! Les routes sont très moyennes, les panneaux routiers absents... Mais nos conducteurs connaissent les astuces. Les Moldaves apprennent à travailler dans le tourisme, mais tout reste à faire. Moi, je ne regarde que deux choses : les stats et les avis clients. Près de 100% repartent ravis et surpris.
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rocheuse - non sans marquer la halte dans une chapelle rupestre où dansent les cierges de cire. Vieux Orhei a un concurrent, le site de Tipova, plus grand, mais d'accès plus difficile pour un groupe plus tout jeune. Cette fois, la falaise longe le Dniepr. Ceux qui ont du mal à marcher pourront se contenter du très beau panorama d'en haut, avec vu sur l'à pic et la vie quotidienne des bords de fleuves dans le vil- lage d'en face. Un court chemin descend jusqu'aux petits ermi- tages, aménagés dans les grottes, et toujours occupés par des moines.
Le pays qui n'existait pas
Grosse poche ethnique dans l'est du pays, la Transnistrie est un pays qui n'existe pas. Du moins, aux yeux de l'ONU. Cette répu- blique autoproclamée, qu'on de- vrait plus justement nommer Cis- nistrie (contre le fleuve Dniepr) regroupe les russophones qui ont fait sécession en entendant, en 1991, que le moldave (idiome latin) serait seule langue officielle. S'en est suivi une lamentable guerre, stoppée par l'intervention russe, qui a gelé la situation dans une vie chiche à énorme taux d'émigration. Restée fidèle au fonctionnement - et au look - so- viétique, la Transnistrie est une curiosité politique qui mérite une excursion d'une journée. L'entrée dans le pays se fait avec un visa- feuille volante. Après avoir dé-
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 Hors de France











































































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