Page 20 - MOBILITES MAGAZINE N°3
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                 AlaUne
Démontage et recyclage,
le duo infernal
Les constructeurs de véhicules à batteries, et les équipementiers eux-mêmes éludent systématiquement la question du recyclage des batteries : tous parlent d'échéances lointaines et de « seconde vie » des batteries. Info ou intox ?
 Si vous parlez du recyclage des batteries auprès d'un constructeur ou d'un équi- pementier, vous constaterez chez votre interlocuteur qu'il vous ré- pondra quasiment systématique- ment en terme de « seconde vie » des batteries. Une façon de ne pas répondre à la question. En effet, il est clair qu'après sept ou huit ans de vie dans le transport, la batterie de traction lithium-ion ne sera pas « morte », mais perdra de ses performances. les résis- tances internes augmenteront, pé- nalisant de fait les recharges, sur- tout dans le cas de biberonages en ligne. l'autonomie en exploi- tation ne sera alors plus atteinte, surtout si on est à pleine exploita- tion du S.O.C(1), ou « état de charge ». Que deviendront-elles ? les constructeurs et équipementiers vantent les mérites des applications stationnaires ou des fameux « smart grids » domestiques et industriels. Elles pourraient aussi être utilisées dans des domaines moins contrai- gnants en terme de rapport mas- sique, comme le maritime, les té- lécoms ou la manutention indus- trielle. On pourrait ainsi gagner, selon Bolloré ou renault S.A, encore huit à dix ans. Mais après ? la di- rective sur les véhicules hors d'usage publiée en 1995 exige un recyclage de 95% de la masse du véhicule. Dans le même temps, la Directive batteries 2006/66/CE ne demande qu'un recyclage à 50% du volume
de batteries. Bien, mais il faudra quand même procéder à une dé- pose de ces éléments et là, cela se complique passablement.
Olivier Gaudeau, directeur ingénierie chez indra (seul centre pour véhi- cules hors d'usage habilité à ce jour par renault pour intervenir sur le démantèlement de sa gamme Z.E), explique son souci : « la batterie n'est pas prise en charge financiè- rement : qui paye la collecte et le recyclageenfindevie?».ilya des coûts de protection et d'isole- ment du véhicule électrique, sans compter le stockage des packs qui sont des marchandises dangereuses. « Certains constructeurs transmet- tent l'information, sinon il faut, constructeur par constructeur, tech- nologie par technologie, identifier
(1) SOC ou State of Charge : état de charge nominal de la batterie permettant une utilisation de celle-ci sans nuire à son vieillissement.
les collecteurs et recycleurs. Eco- nomiquement parlant, la valorisation est loin d'être une évidence ».
Une filière en mal d’organisation
Qui prendra en charge le temps supplémentaire passé et les in- vestissements nécessaires pour la dépose des packs batteries ? A titre d'exemple : en cinq heures, indra peut démonter, récupérer et identifier toutes les pièces et sous- ensembles d'une renault laguna 3. Pièce qui ont des débouchés com- merciaux en recharge. Mais pour une renault Zoé, la seule étape de dépose du pack batterie prend une heure trente ! « Le problème du recyclage d'un V.H.U est com- plexe : il faut un gisement [un parc
 20 - Mobilités Magazine 03 - Avril 2017
  






















































































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