Page 75 - MOBILITES MAGAZINE N°3
P. 75

                  Technologies & innovations
   de Paris. Les pionniers de cette aventure, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, ont misé sur le transport en Suisse. « Au départ, notre technologie permettait surtout d’assurer la sé- curité sur les réseaux de nuit, pour éviter que les voyageurs ne sortent de l’argent aux distributeurs auto- matiques. Ensuite, c’était pour les festivals. Les réseaux suisses peu- vent encaisser les flux de voya- geurs, mais pas les distributeurs », explique Damien Bousson. La start- up a finalement séduit les réseaux de Genève, Lausanne, Zurich, Berne, Schaffhouse et de Sion, où le billet dématérialisé est au- jourd’hui monnaie courante.
Casse-tête réglementaire
Mais en France, la partie était loin d’être gagnée. En cause : la régle- mentation, qui ne permettait pas à la jeune Atsukè de déployer son offre. Loin de renoncer à conquérir l’Hexagone, les startupers ont misé sur une directive européenne, la DSP2, adoptée en novembre 2015 et autorisant les réseaux français à se doter - entre autres - du paiement par SMS d’ici 2018. Coup de poker : Atsukè part se présenter à une soixantaine d’opérateurs de transport et d’autorités organisa- trices sur le territoire. Puis une bonne nouvelle arrive : la loi pour la République numérique, promul- guée le 7 octobre 2016, qui autorise
finalement ce type de transactions. Au gré des derniers aléas admi- nistratifs, la start-up lance sa toute première offre française auprès de la Métropole Rouen Normandie quatre mois plus tard. L’entreprise, pionnière en la matière, est un trait d’union entre des acteurs aux contraintes diverses : les opérateurs mobiles comme Orange, Bouygues Telecom ou encore SFR, et les ré- seaux de transport. Comment fait- elle le lien ? Atsukè, rémunérée au titre de société technologique par les réseaux, est non seulement spécialiste en développement mais aussi licenciée auprès de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (Arcep) en tant qu’opérateur mobile et en- fin agent de paiement. « Une bou- cle complète », résume Damien Bousson. A Rouen par exemple, le voyageur achète un billet pour 1,60 euro. Ce prix est directement retenu sur sa facture mobile par les opérateurs. Cette somme est ensuite reversée à Atsukè, qui la transfère enfin aux réseaux de transport chaque mois.
Une solution anti-fraude
Une fois ce système de relais en place, la start-up égrène les avan- tages du paiement par SMS, à commencer par la diminution de la fraude. L’application destinée aux contrôleurs, qui s’actualise dès que ces derniers traversent une
Q
Damien Bousson, Président et co- cofondateur d’Atsukè.
N
A Rouen, lorsqu’un voyageur envoie «V1»au93000,il reçoit son titre de transport par SMS.
N
Les contrôleurs sont munis d’une application pour scanner une série de chiffres unique dans le message envoyé au voyageur.
zone de réseau, est reliée à une caméra qui scanne les séries de chiffres uniques pour chaque billet. Que se passe-t-il lorsque le voya- geur transfère son SMS ? « Le contrôleur verra qu’il ne provient pas du 93000 [à Rouen]. Et même si le voyageur parvient à maquiller son SMS, l’application reconnaît un billet déjà validé », répond le pré- sident d’Atsukè, avant d’assurer que « la fraude dite molle n’existe quasiment plus » sur les réseaux concernés. Second argument de la start-up : le prix de l’entretien des distributeurs. « On évite aussi aux réseaux d’avoir à acheminer dix tickets de transport dans un tabac à 30 km de là », ajoute Da- mien Bousson.
A Rouen, l’objectif est d’atteindre 15% des parts de vente. Mais com- ment séduire les usagers réguliers avec cette solution destinée au voyage isolé ? « On peut être très créatifs sur la tarification », insiste Damien Bousson. « Par exemple, pour réduire de 50% le prix du ticket parce qu’il y a un pic de pol- lution, j’appuie sur un bouton et c’est fait. Pour les réseaux qui veu- lent appliquer une tarification so- ciale, je peux aussi paramétrer la plateforme, qui reconnaît les trans- actions et les téléphones de chaque voyageur, pour faire du post-paie- ment », ajoute-t-il, même si « dans un premier temps, on conseille toujours de privilégier la simplicité : un ticket, un tarif et un mot-clé ». Car pour ce chef d’entreprise, qui compte déployer cette technologie dans « une dizaine de réseaux français d’ici la fin de l’année », la billettique par SMS est un premier pas vers de nouveaux usages. « Basculer de l’usage du papier vers le mobile, c’est très compliqué. Mais du mobile à un autre usage mobile, c’est beaucoup plus simple. Nous sommes un tremplin ». z
CAPUCINE MOULAS PHOTOS : ATSUKÉ
MobiLitéS MAgAZine 03 - AVRiL 2017 - 75
 

















































































   73   74   75   76   77