Page 56 - MOBILITES MAGAZINE N°64
P. 56

 mobilité urbaine / ÉVÉNEMENT
manqué de relever. Une fois de plus, les promoteurs de l’électricité ont encore frappé au sein du ministère ! Y aura-t-il un (ou une) député pour poser une question parlementaire afin de clarifier ce point ?
Une affaire de gros sous...
Christophe Petit a ensuite dressé un in- ventaire des développements en cours, que ce soit autour du GNV, de l’électrique à batteries ou de la pile à combustible hydrogène(voirMobilitésMagazine N°63). On retiendra surtout le coût des conver- sions, loin d’être négligeable : selon Agir Transport le passage du Diesel au bioGNV se monnaye entre 100  000 et 150  000  €. L’électrique à batteries de 200  000 à 250 000 €. L’hydrogène à pile à combus- tible, aux environs de 350  000  €. La prime au rétrofit, loin de couvrir 80  % du montant de la transformation comme en Allemagne Fédérale, se limite à 40 % plafonnés à 30  000  € par véhicule en France. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Christophe Petit rappelle qu’il s’agit là d’une option de transition, sachant que l’offre de véhicules neufs n’est pas encore complète, en parti- culier en autocars. Mais quid de la pro- longation de durée de vie des véhicules ? Ils dépendent pour leur âge limite des clauses des appels d’offres. Comment amortir de tels investissements sur une prolongation de 5 ans ? Et si l’on porte l’âge limite à 20 voire 25 ans, se posera la question de leur aptitude à passer sans contre-visite les contrôles techniques semestriels. Ce sujet ne doit pas être sous-estimé pour tout ce qui concerne les trains de roulement, systèmes de frei- nage et liaisons au sol. Sans parler des soucis fonctionnels au niveau des portes. Le rétrofit peut donc trouver sa place et pertinence, à condition que l’environnement juridique et financier se clarifie rapide- ment.
Heureux comme un cycliste dans une ville apaisée...
« Comment développer l’usage du vélo en synergie avec les autres modes ? », tel était le sujet retenu pour le principal débat consacré aux mobilités douces. Le plateau d’intervenants, largement convain- cus, était constitué de Julien de Labaca (consultant), Romain Combes (Agence Ecomobilités Savoie Mont-Blanc), Damien Cottereau (chef de projet politique cyclable de la SMMAG ) et Sophie d’Almeida (Tran- sitec).
Ce débat aura oscillé de façon quasi per- manente entre une forme d’idéologie « pro vélo » quelque peu débridée, et le prag- matisme de bon aloi de ceux qui sont confrontés à la réalité de la mise en œuvre de systèmes de mobilités cohérents. Dans cette dernière rubrique, on retiendra la présentation de Julien de Labaca (cycliste convaincu) qui, après avoir fait le tour d’Europe des agglomérations ayant parfai- tement réussi l’intégration du vélo (Ams- terdam, Berlin, Bruxelles, etc.), a clairement rappelé que « l’objectif, à terme, était d’obtenir des synergies entre les différents modes, et ce avec beaucoup d’humilité, car certains des systèmes mis en place ne fonctionnent absolument pas... ». Sophie d’Almeida, dans la même logique, rappelle que « le vélo étant polymorphe, il faut
d’abord apprendre à gérer la gamme de vitesses des différents modes, et prendre en considération cette hiérarchie pour éviter les conflits entre eux ». Enfin, Romain Combes de rappeler que « des différences de traitement des aménagements entre l’hypercentre des agglomérations et leur périphérie doivent être réfléchies en fonc- tion de la réalité des besoins, notamment dans le cadre de l’élaboration d’un schéma directeur cyclable ».
Au chapitre des affirmations ou des pro- positions que l’on pourrait qualifier de « discutables », on retiendra la démons- tration de Sophie d’Almeida qui, évoquant le problème du partage de la voirie, liste les bonnes manières de prendre la place de la voiture, et promeut « la réduction de l’espace disponible, voire l’interdiction, ou les modifications des plans de circu- lation visant à rallonger les temps de parcours automobile en développant des zones apaisées, etc. ».
De même, voulant démontrer que le vélo permet de « désaturer » les réseaux de transport collectif, elle cite le cas des grèves qui voient « la pratique du vélo exploser ! ». Une démonstration finalement contre-productive puisqu’elle tendrait juste à démontrer que la nature a horreur du vide et que ceux qui ont besoin de se déplacer utiliseront simplement le mode
56 MOBILITÉS MAGAZINE 64 - DÉCEMBRE 2022
 























































































   54   55   56   57   58