Page 57 - MOBILITES MAGAZINE N°64
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  Journées Agir 2022
qu’ils ont à leur disposition au moment voulu. Une vérité étonnement professée par Damien Cottereau qui annoncera, non sans fierté, que Grenoble, dans le secteur des universités, « allait baisser l’offre de tramway pour obliger les étudiants à prendre le vélo ! ». Preuve par l’absurde que le tramway répondait visiblement parfaitement aux attentes de cette clien- tèle, et qu’il est parfois nécessaire, pour certains idéologues, de faire le bonheur des autres contre leur gré... D’ailleurs, la grande absente de cette table-ronde aura été la notion d’enquête de satisfaction client quant au développement massif du vélo au détriment d’autres modes, voitures en tête, un point qui sera d’ailleurs abordé (en creux dans le débat suivant...).
Enfin, et les autocaristes (et constructeurs) apprécieront : le même Damien Cottereau, qui juge l’emport de vélos sur les lignes périurbaines autour de Grenoble « plutôt décevant », demande aux opérateurs de militer auprès de l’Etat pour que soit mo- difiée la réglementation soit modifiée et que cet emport se fasse, « comme aux Etats-Unis » sur l’avant du véhicule, afin « qu’un contact visuel soit établi entre le cycliste et le conducteur »...
La gratuité favorise-t-elle les transports publics ou les modes doux ?
La table ronde intitulée « Prix/gratuité de la mobilité : quel est l’impact sur le report modal ? » était enrichie des témoignages de Julien Honnart, président d’Alliance des Mobilités (et fondateur de Klaxit, spé- cialiste du covoiturage)  ; d’Ali Saidi, direc- teur d’études chez Transports & Mobilités ; et d’Alain Jund, vice-président Mobilités, Transports, Déplacements de l’Euromé- tropole de Strasbourg, qui a rendu ses transports gratuits depuis un an pour les moins de 18 ans.
C’est d’ailleurs lui qui lancera la discussion, coupant presque court à tout débat sur la pertinence, ou non, de cette même gra- tuité. « Nous ne généraliserons pas la gratuité, explique ainsi l’édile de Strasbourg, car nous avons besoin de financements pour pouvoir investir dans les transports publics. Par ailleurs, il nous parait néces- saire d’impliquer les clients et de ne pas heurter les entreprises qui, face à une gratuité généralisée, seraient en droit de refuser de payer le Versement Transport, arguant du fait qu’elles ne veulent pas être seules à financer les transports... La gratuité totale est, à notre sens, un mi- rage ». Le choix de la gratuité étant ainsi « rhabillé pour l’hiver », les trois débatteurs orienteront ensuite leurs discussions vers le subventionnement des offres de mobilité alternatives comme le vélo, et le covoitu- rage, clairement promu par Julien Honnart. Ali Saidi militant de son côté pour que,
« dans le cadre des Délégations de Service Public, les modes actifs et les modes doux soient spécifiquement intégrés dans les appels d’offres ».
Seul bémol, mais de taille, concernant le fond de ce débat : « la gratuité semble plutôt prendre une part des modes actifs », explique le même Ali Saidi. Ce n’est donc pas tout à fait le report modal souhaité, le débat se terminera donc, de façon très classique, par une nouvelle pique destinée à la voiture. Interrogé, sur le choix entre incitation et contrainte concernant le report modal de la voiture vers les trans- ports collectifs, Alain Jund conclura : « Il faut qu’il y ait les deux. Le partage de l’espace ne peut se faire qu’au détriment de la voiture. Et seule la contrainte fonc- tionne vraiment car la vox populi est plus souvent dans l’émotion que dans la rai- son... ». La messe est dite.
Jean-Philippe Pastre – Pierre Cossard
 MOBILITÉS MAGAZINE 64 - DÉCEMBRE 2022 57
     Les micromobilités étaient bien représentées dans l’exposition, on remarquera le nouveau scooter électrique Silence, à batterie électrique amovible...
   























































































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