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Il faut sauver Mathilde !

            Un texte de Jeanne Palabaud d’après Guy de Maupassant
            C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées dans une famille de ministres. Elle avait
            tous les moyens d’être connue, comprise et aimée. Et elle se maria avec un homme riche
            de la haute société...Elle se sentait née pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle
            vivait dans la richesse avec son logement de haute qualité : les murs peints d’une couleur
            incroyable, les sièges vêtus de housses dorées, la table couverte d’une magnifique nappe
            rouge avec par-dessus des couverts d’argent... Toutes ces choses la rendaient fière et
            sûre d’elle.
            La vue de la belle Parisienne qui prenait soin d’elle éveillait en elle de la joie et de
            l’assurance. Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d’une nappe
            de soie en face de son mari qui découvrait la soupière en déclarant d’un air enchanté :
            « Ah ! le bon canard au miel que tu nous a préparé ma chère ! » elle ne pouvait
            s’empêcher de se complimenter...
            Elle avait également de magnifiques bijoux et d’ailleurs, elle n’aimait que cela, elle était
            faite pour cela. Elle avait une amie riche qu’elle adorait aller voir pour boire la tisane...

            Un soir, le mari de Mathilde entra l’air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe.
            — Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
            Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots :
            — Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme
            Loisel de leur faire l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18
            janvier.
            Mathilde trouvait cette invitation plutôt bien car c’était une occasion pour elle de prouver sa
            richesse...
            Le mari de Mathilde dit : « J’ai eu une peine infinie à l’obtenir. Tout le monde en veut ; c’est
            très recherché et on n’en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde
            officiel. »
            Mathilde Loisel répondit : « Je le sais bien ça mais que vais-je bien pouvoir porter, ma
            robe noire?
            -Et bien oui ma belle...
            -Je la porte trop souvent, j’aimerais en acheter une autre...
            -D’accord, nous irons donc demain. »





            Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste, inquiète, anxieuse. Sa toilette
            était prête cependant. Son mari lui dit un soir :
            — Qu’as-tu ? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours.
            Et elle répondit :


            — Cela m’ennuie de ne pas avoir pas beaucoup de bijoux. J’aurai l’air misère comme tout.
            J’aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée.


            Il reprit :
            Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien
            assez liée avec elle pour faire cela.
            Elle poussa un cri de joie :
            — C’est vrai. Je n’y avais point pensé.
            Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. Mme Forestier alla
            vers son armoire à glace, prit un large coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel :
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