Page 6 - PETIT SHAPEUR AMATEUR
P. 6

S’en sont suivies les premières sueurs, la rencontre      Après une explosion du nombre des ateliers dans
          des différents types de fibres, de la résine époxy et de   les années 80, cette concurrence a rendu ce métier de
                                   (1)
          ses surprises exothermiques , ses effluves toxiques, de   shaper professionnel compliqué, voire sans avenir.
          la poussière....
                                                                  Les mentalités ont évolué, la course au dernier mil-
             On a tous commencé à partir d’un pain de mousse,   lésime, la frilosité des pratiquants à acheter un produit
          polystyrène ou polyuréthane, façonné avec plus ou    non standardisé, ni testé chaque année par les maga-
          moins de succès, mais toujours avec passion, que l’on   zines spécialisés, l’angoisse de ne pas revendre au meil-
          recouvrait de couches de fibre de verre, carbone, ke-  leur prix pour acheter à nouveau, tout cela a éloigné
          vlar, imprégnées d’une résine époxy ou polyester.    notre pratique des ateliers du custom, du « sur mesure
                                                               » , et amené les pratiquants à adopter des comporte-
             De manière assez empirique, on empilait là où cela   ments d’identification à l’image et au rêve que souhaite
          devait résister davantage, là où cela avait un peu trop   véhiculer chaque marque.
          «bougé» voire cédé lors d’une session précédente, on
          réparait, on tentait désespérément d’aspirer l’eau qui      Certes, les shapers pros officiant aujourd’hui pour de
          s’était indûment invitée dans le pain de mousse par une   grandes marques ont a leur actif un nombre de proto-
          insidieuse brèche.....on apprenait.                  types considérable, et bénéficient de la collaboration
                                                               de riders talentueux. Le résultat de leur travail est de
                                                               qualité.
          Pourquoi cet ouvrage ?
                                                                   «On n’envisage cependant pas la production de
             Le windsurf, appellation anglo-saxonne de notre   planches en masse, destinées à convenir à tous, et
          planche à voile, est une pratique qui procure des    à toutes les conditions, de la même manière que
          sensations inouïes, en surf, en saut, et bien entendu   l’on envisage une activité de type artisanal, où
          sur le plat, lorsque cela va très vite, accélère, tourne,   chaque produit est pensé de manière unique.»
          parce que l’on a pas tous les jours la chance de pouvoir
          charger de belles vagues dodues balayées d’un vent      S’en est suivi un développement (à outrance ?) du
          side-off…                                            nombre de modèles différents proposés par la série, qui
                                                               légitime que le pratiquant s’y perde un peu.
             C’est aussi un objet très technique dont les formes
          se réfléchissent, dont la résistance mécanique doit être      Le custom doit, selon moi, rester un produit unique,
          importante, et le poids aussi réduit que possible, afin de   et de proximité parce qu’il nécessite des échanges
          ne pas  gommer  les caractéristiques d’un shape réussi.  entre le client et le shaper afin de définir un cahier des
                                                               charges individualisé.
             Il y a 30 ans, fabriquer sa planche à voile ou son surf,
          représentait une alternative légitime à une offre plutôt      Le pratiquant qui fabrique son propre custom, ou
          pauvre de la série, en plus d’alimenter cette délectable   s’adresse à un shaper pro, adopte une démarche réso-
                            (2)
          satisfaction de  rider  sur sa propre production.    lument orientée. Il souhaite un produit qui soit adapté
                                                               à son niveau de pratique, à son spot et à son style de
             Le « prix » n’intervenait que comme critère se-   navigation. Il souhaite aussi à priori garder sa planche
          condaire.                                            un moment, et donc ne pas butiner au gré de cette
                                                               sortie inéluctable chaque année des nouveaux modèles
             Aujourd’hui, les shapes, les formes donc, ont sensi-  plus ou moins semblables les uns aux autres, pour des
          blement évolué, servis par des années de pratique, et   raisons souvent marketing. Il souhaite se faire plaisir
          une meilleure maîtrise des matériaux de construction.   avant tout !


             La quasi-totalité des produits manufacturés est pro-
          duite, toutes marques confondues, au même endroit
          et par le même fabricant. Les prix se sont envolés, les
          produits n’étant, en terme de fiabilité, pas toujours à la
          hauteur de ce que peut aujourd’hui produire un artisan
          shaper  professionnel en France ou ailleurs, paradoxa-
                (3)
          lement souvent pour moins cher...                    (1) qui produit de la chaleur
                                                               (2) to ride en anglais: «chevaucher»
                                                               (3) to shape en anglais: «donner forme»
          Copyright © mai 2020                  www.guidedupetitshapeuramateur.fr                                  6           7
   1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11