Page 32 - Le savoir-(sur)vivre
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Le savoir (sur)vivre
La route partagée
Dans les années 60, les jeunes pratiquant la moto étaient rares. Ces passionnés, grisés par la vitesse, étaient régulièrement rappelés à
l’ordre par les anciens qui leurs répétaient à l’envi : « avec la densité de la circulation actuelle, il faut être très prudent lorsqu’on pilote une moto... »
Comme les combattants de la « grande guerre », tous ces anciens conseilleurs ont aujourd’hui disparu. S’ils revenaient sur nos routes, ils seraient drôlement surpris.
Ce qu’ils considéraient comme des routes encombrées étaient désertes par rapport à la saturation de la circulation actuelle. Mais nos grands-pères seraient sans doute encore plus
étonnés de découvrir la révolution technologique et le grand chambardement dû à l’arrivée de
l’électronique dans notre vie quotidienne.
Ceux qui sont nés dans la première moitié du vingtième siècle ne pouvaient imaginer, même dans leurs rêves les plus fous, que les véhicules d’aujourd’hui seraient dotés de freins puissants et endurants, contrôlés par l’ABS pour éviter le blocage
des roues.
Ils n’auraient pas pu concevoir la fiabilité des machines actuelles, ni l’anti-patinage. Quant aux téléphones portables et autres GPS, il était impensable pour eux de les voir apparaître, même
dans un film de science fiction !
La densité de la circulation est devenue telle qu’en Europe de l’Ouest, il est rare, de jour comme de nuit,
de pouvoir trouver une petite route sur laquelle on peut parcourir plusieurs kilomètres sans croiser un autre véhicule. Cela a changé les habitudes de conduite. Depuis bien des années déjà, on ne « prend » plus la route, mais on la partage.
Heureusement, il est fini le temps où Jules expliquait en quelques minutes à Joseph comment conduire une moto. L’apprentissage essentiel de la conduite d’un 2RM tenait à pouvoir démarrer et à s’arrêter tant bien que mal !
Ces premières connaissances acquises sur un bout de terrain privé ou sur une route à faible circulation, le néophyte se lançait comme il pouvait dans la circulation.
Aujourd’hui, Jules et Joseph n’ont pas été remplacés par Kevin et Nathan. Désormais il faut profiter d’un sérieux écolage avant de pouvoir réussir l’examen pratique de conduite en vue d’obtenir le sacro saint permis de conduire moto qui se décline d’ailleurs en plusieurs niveaux.
C’est plus compliqué, mais c’est tant mieux. Historiquement, il est intéressant de se rappeler que les premiers balbutiements en matière de permis de conduire moto date de 1922 en France, pays qui fut parmi les précurseurs en la matière.
Pour paraphraser Charles Aznavour : c’était un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... Un temps où la circulation était fluide et les routes souvent dégagées.
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