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Isaac Asimov a rappelé qu’une civilisation qui produit beaucoup
de connaissance et peu de sagesse est menacée d’autodestruction.
De la même manière, Arnold Toynbee avait observé, citant Ibn
Khaldoun, que les civilisations ne mouraient pas assassinées,
mais par suicide. Ce serait bien beau d’utiliser au mieux notre
e
cerveau, mais encore faudrait‑ il être sage. Comme le xx siècle l’a
abondamment démontré, on peut être fin technicien et inhumain.
On peut rechercher le savoir sans la sagesse, et même la mépriser.
Mon axiome de départ demeure que l’humain est plus grand
que toutes ses créations, qu’elles soient hôpitaux, grandes écoles,
armées ou États, et qu’il n’a jamais à se soumettre à elles, car il est
plus noble qu’elles. Jamais une université ou un État n’a créé un
humain. Mais un humain, lui, peut créer un État ou une université.
Je ne prétends pas délivrer ici une sagesse toute faite, seule‑
ment encourager les lecteurs à se poser des questions originales, à
identifier l’empire que certains automatismes ont sur eux et leurs
semblables. Les plus fondamentales de ces questions sont :
Qui sert qui ?
Qui contraint qui ?
Qui meurt pour qui ?
Toutes ces interrogations sont des invitations à la neurosagesse.
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