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La Tribune des travailleurs - No259 - Mercredi 7 octobre 2020
  LA PAGE DES JEUNES
Être résident en cité U en 2020
   Rentrée en
catastrophe :
refusons la
destruction de
l’enseignement !
«Je suis arrivée pour mon premier cours, après une heure d’attente on m’an- nonce qu’il se fera en dis- tanciel... et finalement, il sera sous forme d’un fichier audio assorti d’unPDF»;«J’aieumonbacl’an- née dernière et je ne suis encore ins- crit dans aucune des neuf filières que j’ai demandées » ; « Mes heures de cours changent tous les jours, impossible de planifier le reste de mon emploi du temps »... Ces étu- diants ne sont pas des exceptions. Depuis la rentrée, nous faisons tous les frais de la désorganisation généralisée, plus encore qu’aupa-
ravant. Pourquoi un tel chaos ?
Le gouvernement est très prompt à dénoncer les respon- sables. Rentrée en roue libre ? « Que les facs se débrouillent ! Ce ne sont pas nos affaires. » Remontée en flèche du virus dans les amphis et couloirs bondés ? « C’est la faute des étudiants et de leurs soirées », nous dit la ministre
Frédérique Vidal. Concédons-leur : quand un
gouvernement accorde 560 mil- liards d’euros aux banques pour organiser les licenciements, il ne lui reste plus beaucoup, ni pour l’hôpital ni pour gérer l’univer- sité !
Entre subvenir aux besoins de la population et garantir les pro- fits des capitalistes, il faut choisir. Ce gouvernement a choisi. Nous n’avons pas à l’accepter ! Jeunesse Révolution se joint aux centaines de jeunes qui, à leur manière, refusent la destruction de l’uni- versité par ce gouvernement, dans la continuité des gouverne- ments précédents.
Le gouvernement est respon- sable !
Stop à la désorganisation généralisée !
Et pour ça : de l’argent pour nos facs, pas pour les licencie- ments !
Dans nos amphis, dans nos TD, dans nos UFR, discutons, établis- sons nos revendications et orga- nisons-nous pour les obtenir !
Vendredi 2 octobre
Pour envoyer vos témoignages, contactez Jeunesse Révolution : jeunesserevolution2016@gmail.com
      À la cité universitaire du Crous* de Villeneuve-d’Ascq (Nord), les bâtiments sont particulièrement vétustes. 100 % des étu- diants résidents y sont considérés comme pauvres et 90 % d’entre eux sont étrangers.
DAnne, Guillaume, Ismael et Mélyne sont allés à leur rencontre.
eux étudiants qui attendent sur un banc devant la cité U engagent la discussion avec nous.
– « L’état des résidences ? Dans le bâtiment A, les toilettes ne sont plus fonctionnelles et il y a des problèmes d’évacuation. Pour faire bouger les choses, il faut
appeler constamment le service et on n’est pas toujours sûr d’avoir une réponse. »
– « Tous ceux que je connais ont été en galère pendant le confinement. Les étudiants qui ont pu se confiner chez leurs parents ont été exonérés de loyer, mais nous, on ne peut pas faire ça. »
Le Crous n’a-t-il pas baissé les tarifs de restauration, passant le repas à un euro ?
– « Oui, pour les boursiers, mais pas pour les étrangers. C’est compliqué pour nous : s’il y a du retard sur ton titre de séjour, tu perds le bénéfice des aides de la Caisse d’allocations familiales. »
Les étudiants ont particulièrement souf- fert de la faim pendant le confinement, ayant perdu le petit boulot qui leur permettait de survivre. Dans le bâtiment A, les associations caritatives ont carrément des locaux : Restos du cœur, Secours populaire, etc. Sans eux, beaucoup d’étudiants ne pourraient pas se nourrir.
Afin de permettre la réhabilitation du bâtiment B de la résidence Galois, le Crous
Pas de repas chaud sur le campus de Rennes-2
a décidé de reloger les étudiants. Il ne leur laisse que trois jours pour quitter les lieux !
On nous explique qu’il y a deux « solu- tions » : soit ils emménagent dans un bâti- ment « traditionnel » (160 euros par mois, cuisine et sanitaire communs), en validant une réservation que le Crous a faite pour eux sans les consulter. Les résidents ont reçu le mail du Crous leur demandant de valider la réservation le 22 septembre à 16 heures, avec exigence de répondre « avant 23 h 59 » le même jour, sinon ils perdent tout. Soit, s’ils refusent d’emménager dans un logement pire que l’actuel, ils peuvent toujours dépo- ser un préavis de départ.
Dans les chambres du bâtiment A, une douche sur deux est condamnée, les toilettes sont sales et les étages sont nettoyés un jour sur deux. Dans ce même bâtiment, une des « cuisines » (six plaques au gaz et un évier) ne fonctionne plus. Les trois étudiants avec qui nous avons parlé étaient en train de rédiger une pétition contre le déménagement forcé. Ils nous ont détaillé tous les problèmes qu’ils rencontrent.
Chauffage coupé, fuite des toilettes, pas de Wifi...
« La laverie est en panne une fois sur deux. Pas de Wifi durant le confinement et le réseau était particulièrement mauvais lors des exa- mens qui ont causé l’échec du semestre pour l’un des trois. Une autre a rendu tous ses exa- mens en retard : faute de Wifi, les étudiants ne recevaient ni les mails des professeurs ni ceux
La cité universitaire de Villeneuve-d’Ascq
de l’administration ! Le chauffage est coupé à 23 heures, ce qui oblige les résidents à s’équi- per eux-mêmes, et à leurs frais, d’un chauf- fage d’appoint. Plomberie : remontée d’eau par les lavabos à tous les étages provoquant des inondations dans les chambres. Fuite des toilettes et des radiateurs. Insectes : punaises de lit et cafards dans la quasi-totalité des chambres des deux bâtiments. Les candida- tures de demande de logements pour les Fran- çais ouvrent entre janvier et mai et celles pour les étudiants étrangers à la mi-juillet. Quand ils postulent, il ne reste pour eux que les bâti- ments les plus dégradés. L’alimentation : étant donné qu’ils ne peuvent pas être boursiers, les étrangers n’ont pas droit aux repas à un euro. Le tarif à 3,30 euros est trop cher, alors ils pré- fèrent faire à manger eux-mêmes, mais c’est de moins bonne qualité. »
Les étudiants se plaignent des inégali- tés entre Français et étrangers et entre étu- diants : à 100 mètres de leur bâtiment déla- bré, la belle résidence Léonard-de-Vinci accueille les élèves de l’École centrale.
Pourtant, comme le dit l’un d’eux : « Nous sommes de futurs ingénieurs et, dans quelques années, la France aura besoin de nous. » Sa camarade ajoute : « Ils nous voient comme des punaises de lit et des cafards qui allons conta- miner les beaux studios si on y va ! ».
Une seule question est posée : peut-on accepter le sort que le gouvernement impose à la jeunesse ? n
Anne, Guillaume, Ismael et Mélyne (Lille)
* Centre régional des œuvres universitaires et scolaires qui, avec le Centre national (Cnous), sont les organismes publics qui gèrent les cités et les restaurants universitaires.
          Mon premier jour à la fac
  Mercredi, premier cours de l’année connexion, elle grésille, je loupe la moitié
pour moi, étudiante à la fac de Saint-Denis (Paris-8). J’ai deux cours. Un cours en ligne, puis un
cours d’anglais en présentiel, qui a lieu une semaine sur deux sur la fac. Comme je n’ai pas le temps de faire le trajet de chez moi à la fac entre les deux cours, je décide de suivre le premier cours en ligne depuis la fac. Mal m’en a pris. Je n’arrive pas à trouver de salle de classe vide et trouve une chaise dans un couloir pour suivre le cours depuis mon portable. Problème : c’est un couloir, et les étudiants y circulent et discutent. Le professeur a une mauvaise
des informations. Impossible de répondre à une question que me pose le prof. Le cours s’achève et je suis censée rejoindre mon cours d’anglais. Maintenant, je suis sûre que je ne pourrai jamais réussir à suivre ce cours si je ne suis pas chez moi et dans de bonnes conditions. Je choisis donc d’abandonner ce cours d’anglais et de le valider au semestre prochain. Com- ment font les étudiants qui n’ont pas accès à Internet ? C’était mon premier jour à la fac. n
Victoria, étudiante à Paris-8 (Saint-Denis)
  Il y a un mélange d’attente et d’anxiété de la part des étudiants. Nous étions invités à manger à l’extérieur, alors qu’au resto U le repas est à 3,30 euros
flux des demandes. Beaucoup d’étudiants qui travaillent pour payer leurs études sont sur des contrats précaires et n’ont pas eu le droit au chômage partiel. Selon une étude de la MGEN, 43 % des étudiants renoncent à se soigner faute de moyens. Nous vou- lons la suppression de la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) mise en place par le gouvernement Macron, de 92 euros, qui est une augmentation déguisée des frais d’inscription. Certaines cités U sont vétustes, voire délabrées, avec des fissures dans les murs, des infiltrations d’eau. Il faut un plan de rénovation des cités U. n
Kireg, étudiant à Rennes-2 et membre de Solidaires Étudiant-e-s
et 1 euro pour les boursiers. Les restos U étaient fermés. On ne pouvait donc pas avoir de repas chaud sur le campus. Il y a aussi du stress avec les cours « en distan- ciel ». On ne veut pas que ce soit un pré- texte pour supprimer des cours. Il y a eu une prise de conscience de la précarité étudiante avec le suicide de l’étudiant de Lyon l’année dernière. Pendant le confine- ment, beaucoup se sont sentis abandon- nés. Dans les cités U, certains ont eu faim. Le Secours populaire a dû livrer des repas. La présidence de l’université a décidé une aide de 50 euros et a été débordée par l’af-
  












































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