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COULISSES
« L’hypnose, c’est
d’abord une capacité
à écouter le patient »
Dr. Mireille Anesthésiste et médecin spécialiste de la douleur, le docteur Mireille Michel-Cherqui s’est intéressée
Michel-Cherqui à l’hypnose en complément du traitement de la douleur. Une discipline qui l’aide aujourd’hui plus
Médecin anesthésiste largement dans sa pratique de la médecine.
spécialiste de l’hypnose
u premier abord, l’hypnose fait peur. entrer l’hypnose à l’hôpital. Depuis, la pratique
Elle transporte, dans l’inconscient s’est développée mais repose toujours sur deux
collectif, l’image un peu fantasma- piliers qui sont la relation de confiance et la
Agorique et sulfureuse de la perte de suggestion par l’emploi de métaphores que le
contrôle et du spectacle qui lui sont patient peut s’approprier. « À titre d’exemples, on
traditionnellement associées. Pourtant, en suggérera une pièce prise dans un étau qu’il faut
entrant dans le bureau de consultation du desserrer à un menuisier qui souffre de maux de
Dr Michel-Cherqui, on perd vite cette appréhension. tête. Avec un patient angoissé, on évoquera une
Blouse blanche et lino au sol. On est bien à l’hôpital. tempête s’apaisant peu à peu ».
« La pratique de l’hypnose médicale n’a pas grand- Chaque jour les progrès des neurosciences
chose à voir avec celle du spectacle » tient-elle à viennent conforter les observations de terrain du
préciser avant de modérer « la technique employée docteur Michel-Cherqui. « C’est au titre de médecin
est toutefois presque la même depuis les chamanes anesthésiste, spécialiste de la douleur que je
et la nuit des temps ». pratique l’hypnose. Elle peut s’avérer efficace dans
En pratique, l’hypnose consiste le cadre de la prise en charge de la douleur
à induire un état de conscience chronique et se substituer aux traitements
particulier à un patient pour lui médicamenteux aux effets secondaires parfois
permettre d’entrer en situation lourds pour le patient ». Ses vertus peuvent aussi
L’hypnose peut s’avérer de transe et réagir différemment être utiles pour calmer l’anxiété, préparer aux
efficace dans le cadre de aux stimulations extérieures. Mais interventions chirurgicales, atténuer les nausées
la prise en charge de la elle n’a rien de magique. « Dès le et vomissements de patients en chimiothérapie
douleur chronique XIX siècle, ceux qui s’y sont ou en soins palliatifs. Au-delà de ses bienfaits
e
intéressés ont vite observé mesurables, l’hypnose, en entrant à l’hôpital, a
qu’exiger d’un malade qu’il aussi contribué à véhiculer une culture de l’écoute
obéisse à un ordre en état de du patient, de l’attention aux mots qu’on emploie.
transe était contreproductif pour « J’ai appris avec l’hypnose quelque chose qu’on
l’aider à guérir ou à contrôler de trop fortes ne m’avait pas enseigné à la Faculté : communiquer
douleurs ». À l’origine, ce sont des médecins avec mes patients », conclue-telle joliment.
comme Charcot, Bernheim ou Freud qui ont fait
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