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Identifier le sujet représenté dans une peinture s'est avéré difficile. Seuls quelques
               portraits  portaient  une  inscription  en  grec  indiquant  le  nom  et  la  profession  du
               défunt, comme « Hermione, l'institutrice ». Des indices visuels peuvent eux permettre
               de  découvrir  l'identité  du  mort  :  ainsi,  les  soldats  sont  représentés  portant  une
               écharpe,  les  athlètes  les  épaules  nues,  les  femmes  affichant  des  bijoux  et  tenues
               sublimes ainsi que des coiffures élaborées, tandis que les enfants ont souvent autour
               du cou un collier en or portant des amulettes, symbole commun de l'enfance dans la
               culture romaine.











                                          Photo : Scala, Florence

               Les sarcophages et linceuls des momies gréco-romaines étaient souvent décorés de
               scènes représentant des croyances religieuses pharaoniques relatives à la vie après
               la mort. Toutefois, ces peintures répondaient au style gréco-romain dominant. Les
               divinités égyptiennes de l'au-delà étaient souvent représentées : on y retrouve par
               exemple Osiris, dieu de l'au-delà et des Enfers ; les sœurs de ce dernier, Isis, qui
               était aussi son épouse, et Nephtys, également considérée comme une protectrice
               des morts ; Anubis, souvent représenté sous la forme d'un chacal ou d'un dieu à
               tête de chacal, il est le protecteur de la momification et s'occupait d'emmener l'âme
               des défunts au royaume d'Osiris ; et enfin Horus, dieu à tête de faucon. Le mélange
               des cultures ne constituait aucunement un problème dans le style gréco-romain. Les
               divinités  funéraires  égyptiennes  représentées  sur  les  sarcophages  et  linceuls
               pouvaient donc être accompagnées de personnages vêtus à la romaine, ainsi que de
               grenades, de branches de myrte et de rosier, de cratères et de coupes à vin, symboles
               de la vie éternelle dans l'iconographie grecque. Sur ce linceul égyptien de l'époque
               romaine, le défunt se trouve au milieu, habillé dans le style romain, tandis qu'à sa
               droite se trouve la divinité égyptienne Anubis.
               De  subtiles détails  dans  le  symbolisme  des  portraits  témoignent  de  la  diversité
               culturelle et stylistique de l'époque. L'un des portraits représente par exemple un
               homme  qui  arbore  une  étoile  à  sept  branches,  symbole  du  dieu  greco-égyptien
               Sarapis. D'autres sujets arborent des couronnes de feuilles d'or, qui renvoient à la
               royauté  macédonienne,  grecque  et  romaine.  Hormis  leur  réalisme  saisissant,  ces
               portraits  funéraires  ont  donné  aux  spécialistes  un  aperçu  de  la  diversité  de  la
               population qui occupait la région de Fayoum et à quel point les différentes cultures
               se sont influencées les unes les autres. Comme ces portraits représentent souvent
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