Page 52 - Lux 15
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A un moment de l’année, avec ma voisine et amie, nous avions installé, à côté de
                  l’encrier,  gomme,  taille  crayon,  éponge  à  la  manière  d’une  petite  chambre  de
                  poupée. Nous jouions discrètement entre les leçons. Mademoiselle D. lorsqu’elle
                  passait entre les rangées regardait notre installation d’un œil curieux, puis un jour
                  elle nous fit signe de faire disparaître cet agencement que nous déplaçâmes dans
                  le casier. Bien sûr, le jeu cessa et les outils d’écolier retrouvèrent la trousse ou le
                  plumier. La première de la classe s’appelait Odile et elle était première comme les
                                                                        ème
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                  autres années. Je me classais 2  et mon amie 3 . Au dernier trimestre, Odile
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                  était 2 . Après la distribution des carnets, Odile se mit à pleurer. Mademoiselle
                  D. ne comprenait pas la raison de ces larmes. Notre camarade avoua entre deux
                  hoquets qu’elle pleurait parce qu’elle était seconde et que cela ne lui était jamais
                  arrivé. Son désarroi et sa déception touchèrent toute la classe. Comment Odile, la
                                                                                            ème
                  meilleure de nous toutes, avait-elle pu reculer d’une place ? J’étais 3  ou 5  et
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                  fière de l’être. Je savais que mes parents seraient contents.






























                  Le dernier jour de l’année scolaire, nous avions le droit de ne pas travailler. Nous
                  pouvions apporter des jeux et même des poupées. Toute la classe se réjouissait de
                  cette permissivité qui annonçait les grandes vacances. A la fin de cette journée de
                  juin, lorsque la cloche retentit, nous courûmes, heureuses de retrouver les longues
                  soirées estivales, sans trop faire attention à l’institutrice. Juste un aurevoir sans
                  savoir que jamais nous ne la reverrions.













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