Page 14 - La Première Reine - Prologue
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Eleanor sentait l’étau se refermer lentement,
inexorablement autour d’elle. Elle savait qu’elle n’avait pas le
choix et aucune échappatoire. Ses yeux croisèrent alors ceux
de son « fiancé ». Les siens restèrent secs, sa vision nette. Elle
n’allait pas lui donner le plaisir de la voir brisée. Il pouvait
bien lui retirer ses rêves, il ne lui ôterait pas sa fierté et sa
dignité, pas aujourd’hui en tout cas.
Elle releva le menton et déclara :
— Très bien, j’accepte. Uniquement pour ma famille et mon
père. Sachez que je ne retirerai aucun plaisir à être votre
femme.
Un lent sourire de triomphe étira les fines lèvres de Lord
Grant.
— Parfait, je savais que vous sauriez vous montrer
raisonnable. Que les choses soient bien claires, Lady Eleanor.
Une fois que vous porterez mon nom, vous ne ferez rien sans
mon aval et vous ne me parlerez plus jamais sur le ton que
vous venez d’employer. Votre vie de petite princesse gâtée
est terminée.
— Que ferez-vous dans le cas contraire, monsieur ? Allez-vous
me frapper comme tous ces hommes qui compensent leur
manque de caractère par la force ?
— Allons, nous sommes à l’aube du vingtième siècle, nous ne
sommes plus des barbares. Il existe bien d’autres moyens de
vous soumettre.
Eleanor déglutit, essayant de ravaler sa rage et sa colère,
les poings serrés sur ses genoux. Elle se promit en son for
intérieur de lutter de toutes ses forces, à chaque instant, pour
ne pas devenir la poupée brisée de cet homme.
—Quant au mariage, reprit-il, je m’occupe de tout. Vous
n’aurez qu’à vous présenter le jour J, à l’adresse que je vous
indiquerai.
La Première Reine J. James 14