Page 114 - Le grimoire de Catherine
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star, l’étoile polaire, le Grand Chariot. Bien installé dans le pelage de ma maman je
vais vous raconter ce défilé extraordinaire.
Schéhérazade, drapée dans ces voiles ouvre la marche. Elle y dissimule son livre de
contes. Aladin et sa lampe magique la suivent. Elle sait si bien raconter son histoire
au sultan afin de l’endormir !
Le Petit Chaperon Rouge est là également, un temps réconcilié avec le Grand Loup.
L’Alice de Monsieur Carroll est à l’heure avec son lapin blanc.
Arlequin fait des facéties autour de la superbe poupée africaine toute parée de raphia,
l’Ogre commence à s’approcher du buffet dressé pour tous les invités. Chacun a
apporté son mets préféré. Les bonnes manières sont requises, on ne se dévore pas les
uns les autres. Vous voyez qui je vise avec ces précisions !
Il y a de plus en plus de monde, je ne peux tous vous les citer.
Les parfums de l’Asie se marient aux encens de l’Afrique, les chants de tous les
oiseaux du monde s’unissent dans un hymne joyeux. Les sirènes autour du rocher en
sont toutes étonnées. On est entre chien et loup …Voici le grimoire, chacun écrit un
mot. La recette du bonheur est là.
Oh ! Les yeux me piquent, je vais m’endormir ou peut-être ai-je envie de vous laisser
imaginer.
Je suis maintenant très heureux. J’ai vérifié que les hommes ont raison quand ils
disent que nous sommes agiles et malins. D’ailleurs je pense que nous sommes plus
futés qu’eux. Je dis cela car mes petites oreilles n’entendent de leur part que
chamailleries, que revendications.
Mon agilité, je ne l’ai pas utilisée pour gagner des médailles ou des bouquets de fleurs
mais pour mieux connaître les contrées si lointaines et leurs habitants si différents de
nous. En ce qui concerne les fleurs je sais que je les aurai dévorées tout de suite,
c’est là mon péché mignon.
Ma malice j’en ai eu bien besoin ! Il y a tant de malins il vous suffit d’entrer dans une
bibliothèque, d’aller au rayon « sorcellerie »vous verrez que l’imagination des hommes
ne doit rien à la mienne !
Tous mes amis rencontrés dans mon escapade ont réussi la nuit dernière à mettre
en commun ce qui leur tenait le plus à cœur. Ils se sont unis pour le bien devenant ainsi
les combattants des forces du mal. Ils ont utilisé leurs différences pour en faire une
force commune. Ils savaient tous que le bonheur n’existe pas, alors ils ont décidé
qu’il fallait le faire.
Bien sûr, toute cette histoire doit rester entre nous.
Que deviendraient les livres d’école qui ne racontent que des batailles s’il fallait aussi
s’intéresser à ceux qui ne sont pas comme nous? Que deviendraient les savants s’ils
connaissaient notre découverte, la formule de la vie en harmonie ? Que
raconteraient nos hommes politiques pour se faire élire, leurs discours auraient moins
de saveur si la justice régnait partout ?
Si vous passez un jour près de mon rocher, arrêtez –vous ! Ecoutez ! Ca parle
« bouvreuil » n’oubliez pas de me faire un petit signe de la tête, je saurai que vous
êtes des nôtres. Vous apprendrez, j’en suis sûr, rapidement cette nouvelle langue
universelle.
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