Page 64 - Le grimoire de Catherine
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Un dortoir ! Des rangées de lits, impeccables, disposés au cordeau ! De grands bébés
y dorment minutieusement emmaillotés. Ils tiennent tous, serrés contre eux une clé,
celle de leur voiture ! Ils sont tous là, piégés comme du gibier, sans défense, la merci
de quelle force maléfique ?
Face à ce spectacle, ma compagne d’infortune accouche. L’enfant est beau, tout lisse,
tout calme. Il ne tarde pas à sombrer lui-même dans les bras de sa mère assoupie.
Je suis maintenant seul, désorienté, fatigué, le désespoir me gagne. J e suis dans le
sanctuaire d’une divinité, je suis son prisonnier. Je veux continuer à avancer dans la
vie, et demeurer maître de mon avenir. Finir ma vie dans un cachot serait le pire des
destins !
Un gros bourdon vient me narguer, tournoie et disparait. Par où s’est-il échappé ?
Voilà il y a bien une petite trappe qui doit servir à la ventilation. Sur la pointe des pieds
je peux maintenant distinguer la rue ! Il me faut attirer l’attention coûte que coûte !
J’enfonce mes mains dans mes poches. J’y trouve un crayon et une vieille enveloppe
chiffonnée. Je vais pouvoir lancer un SOS qui va mettre fin à ce rêve pénible.
Je griffonne « Venez-vite nous délivrer, je vous guiderai par la voix, vous n’aurez rien
à craindre » J’en fais une boulette, je m’approche de cette ouverture, et la lance de
toutes mes forces. Elle atterrit bien sur la chaussée.
Dans le brouillard, un camion-poubelle apparait, on n’est pas lundi .Il doit être 6heures
trente, il aspire tout ce qui traîne, mon message disparaît à tout jamais !
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