Page 65 - Le grimoire de Catherine
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LE RAMASSEUR D’ETOILES
Ce signe sur le tronc, il n’y était pas quand nous sommes passés ce matin ! Il
n’arrêtait pas de retourner cette vision dans sa tête, cela lui avait d’ailleurs fait oublier
sa compréhension du cours de géométrie.
Il décida de n’en parler à personne et d’éclaircir rapidement cette énigme. Dés qu’il le
pourra, il irait seul dans la forêt, loin de l’excitation de ses complices habituels, et
trouverait sa réponse. A qui était destinée cette indication ? Etait-ce une invitation ?
Un piège ? Un test pour lui le rêveur?
Il se décida à d’entrer dans cette forêt .Son orée était obstruée par la présence
imposante d’un vieil eucalyptus.
Ce dernier siégeait là, tel un dieu olympien. Il y répandait généreusement ses effluves
suaves, déployait ses grands bras branchus obligeant tout candidat à la découverte du
chemin forestier à se plier à un rite. Il fallait se recueillir sur ses cicatrices déposées par
le temps, puis s’incliner.
Il comprit qu’il devait faire acte d’allégeance avant d’être autoriser à entrer dans le
monde des arbres et peut-être d’y découvrir certains de leurs secrets. Il s’y résolu.
A peine la lisière dépassée, un chuchotement lui parvint :
-« Regarde-moi. Comme je suis élégant ! Comme j’ai la patte fine ! Je suis Alfredo le
lézard. Je vis sous le noisetier qui protège de ses longues branches les fragiles
jacinthes d’eau. Je connais bien le héron magnifique du coin.
Tu m’as réveillé ! Alors dis-moi que je suis le plus beau. » Au pied d’un arbre, bien
caché, un petit reptile sculpté dans un bois tendre attendait son admirateur! Cette
ballade en sous- bois promettait bien des surprises !
Il continua, il faisait de plus en plus sombre.
- « Hum ! Jeune homme, bonjour. Je suis Croque-grenouille. Ne fais pas de bruit,
approche, n’aie pas peur. Je suis ici, près de la rivière. J’écoute son rire sur les cailloux.
Je voudrai tant apprendre à rire comme elle. Tout le monde se moque de mes larmes. »
Il se pencha et vit que son interlocuteur était un crocodile taillé dans un frêne tenant
dans sa gueule la main de Pinocchio.
-« Est-ce que tu sais rire, toi ? Est-ce que tu veux bien m’apprendre ? Nous pourrions
devenir amis et je te prêterai mon jouet ! » Il commença à se détendre, la forêt n’abritait
pas que des démons comme il l’avait souvent imaginé.
Ses pas l’amenèrent dans un buisson de ronces d’où émergeaient deux énormes
troncs découpés dans un cèdre.
« - Comment ça, tu nous vois ! Ca alors ! Et nous qui nous croyions cachés ! Il est vrai
qu’aujourd’hui nous nous sommes endormis dans la salade. D’habitude, nous utilisons
plutôt un pot de peinture verte pour nous camoufler, ainsi badigeonnés personne ne
peut nous dénicher. Comme tu as l’air curieux tu vas vouloir connaitre notre nom !
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