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Le Coin de l'education
l'6cole 6tiquette des enfants sur la base de Pourtant on observe d'importantes flue-
comportements provoqu6s par le mode tuations des performances de l'enfant se-
d'enseignement lui-m@me. Ion la nature des tests, le comportement de
l'observateur etla souplesse des approches
Si 20 % d'enfants mal-lisant, en age sco- d'investigation.
laire sont consid6r6s comme 6tant dys-
lexiques, parmi ces enfants seuls i A 2 % le On peut facilement ve.ffier l'existence et la
seraient en realiM. Les 18-19 % d'enfants nature d'un trouble en observant l'enfant
en e.chec scolaire A cause de difficultys en dans des enviroiinements et encadrements
(( DYSLEXIQUE... lecture et orfhographe sont les victimes de p6dagogiques diff6rents et en compa-
l'enseignement global introduit dans les rant ses productions en tenant compte
entre
ces
encadrements
VRAIMENT ? annees ig7o. des differences de la qualit6 de l'6coute
pedagogiques,
des
difficulM.s
Et si l'on soignait La m6thode semi-globale d'apprentissage et de la comprehension de la volonM
de l'enfant,
specifiques
de la lecture ne passe pas par la phon6-
tique mais invite l'enfant A essayer de et de l'aptitude des maitres ?a offrir un
l'ecole )) reconnaitre des entiMs de maniere glo- soutien personnalise, encourageant et
bale, visualisantles mots saiis identifierles pragmatique.
Tout un programme ce titre du Iivre de lettres.
Il est certes plus facile d'invoquer des fac-
Colette Ouzilou qui apporte un vent de dans l'6tiologie de la dys-
fraicheur dans la rt"flexion sur les causes Colette Ouzdou demontre la responsa- teurs g6n6tiques
reenes de l'6pid6mie de dyslexie qui enva- bilite de cette methode dans l'augmen- lexie suppos6e que de mettre en place des
hit depuis quelques decennies les statis- tation explosive du nombre d'enfants mesures et des competences pedagogiques
adapt6es d'autant plus que les explications
tiques scolaires et les esprits de nombreux mal-lisant.
biologiques sontplus facilementMgitimees
ek.ves et de leurs parents.
car doru'ient rimpression d'etre scienti-
Les croyances cr'ent fiques.
Colette Ouzilou est une orthophoniste qui
en 4o ans d'exercice a requ des centaines les realitys diff6-
d'enfants <<mauvais lecteurs>> dans son Le fait que la dyslexie se manifeste
langues et
dans les diff6rentes
cabinet. Parmi ces enfants A peine une Bien que sur 20 enfants consid6r6s comrne remment et plus handica-
vingtaine 6tait dyslexique. <<En ig68, je 6tant dyslexiques 19 enfants ne le soient s'avere plus fr6quente
re6duquais essentienement des enfants pas, la croyance dans le pMnomene <<dys- pante dans des langues plus opaques, dans
et gra-
souffrant de retard de langage, de Mgaie- lexie>> comme explication des difficultys lesquenes le lien entre phonemes
est complexe, comrne le franqais
ment. Mais, au debut des annexes 7o, j'aivu scolaires se g6neralise rapidement jusqu'A pMmes
apparaitre la premiere vague de lecteurs devenir une 6pid6mie. et l'anglais que dans des langues transpa-
de.faillants, et, depuis, leur nombre n'a fait rentes, dans lesquenes le lien entre pho-
est simple, comme
qu'augmenter>> temoigne-t-elle. La tendance A 6voquer des facteurs gen6- names et grapMmes
tiques lors de difficulMs en lechire et/ou l'italien ou l'espagnol, nous am@nevers des
L'auteur decrit les processus qui ont en 6criture provoque le d6sarroi des pistes autres que gen6tiques.
conduit l'institution scolaire El aban- familles et les conduit souvent El consulter de constater que face A
doru'ier et deMgitimer la m6thode analy- divers sp6cialistes et A souinettre l'enfant Il est surprenant et soudaine augmen-
tique et ii'nposer la m6thode semi-globale A des tests, 6valuations et consultations l'irnpressionnante d'enfants consid6r6s
d'apprentissage de la lecture depuis les chez medecins, orthophonistes, logop6- tation du nombre l'idee de chercher des
con'ime dyslexiques
annees 7o et offre un 6clairage lucide des distes, psychologues, conseillers scolaires n'a
racines ideologiques de ce pMnomene. et coach avec des r6sultats variables, sauf causes dans le systeme d'enseignement
un 616ment qui est acquis d'embMe Asavoir quasiment pas 6te soulev6e.
Renoncer A la m6thode analytique qui quetoutcecivafairedouter l'enfantdeses en commun
apprend A l'enfant A reconnaitre les capacitys, va compromettre sa spontaneiM Devinez ce qu'ils avaient
lettres et const[l!tire des synabes puis des et 6branler sa confiance en soi provoquant L6onard de Vinci, Auguste Rodin, Gus-
Andersen,
mots, c'est oublier que la connaissance se chez lui d6motivation et peur de r6cole. tave Flaubert, Hans Christian
Winston Churchill, Albert Einstein, Walt
constmt. L'enfant ne peut comprendre et Tom Cruise !
les regles qui r6gissent la lechire et l'ecri- Etiqueter un enfant comme 6tant dys- Disney, Steven Spielberg s
ture si l'on ne lui donne pas les moyens de lexique, va non seulement le faire souffrir Ils 6taient dyslexiques.
reconnaitre les lettres, et l'on ne lui ex- et le fragiliser mais empechera 6galement
Judit Varadi
plique pas les regles permettant de ras- quel'on trouvelesvraiesraisonsdesesdif-
sembler les lettres en synabes afin de ficult6s puisqu'enes sont expliqu6es par sa
consh'uire des mots. suppos6e dyslexie.
Colette Ouzilou montre comment les Les tests, comme des photos instanta-
m6thodes globales d'enseignement nees, refletent les capacitys de l'enfant A
de la lechire ont conduit A la rapide un moment donne de son histoire mais
augmentation des difficultys scolaires et pretendent fournir une mesure valable de
des troubles d'apprentissage et comment faqon gen6rale.
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