Page 189 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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maître, et dans l'anonymat absolu, de 1962 à 1978, il a
surgi sur la scène politique algérienne au lendemain de la
disparition du président Houari Boumediene, en occupant
le poste très convoité de secrétaire général du ministère de
la Défense et membre suppléant du bureau politique du
FLN. À l'époque, de nombreux observateurs expliquaient
cette brusque apparition au grand jour d'un homme habitué
à vivre dans l'ombre par son ambition de s'emparer du
pouvoir. On prêtait à Merbah l'intention de renverser
Chadli. En 1980, la rumeur devenait de plus en plus insis-
tante. Les événements de Kabylie d' avril 1980, durant les-
quels il s'était opposé à l'envoi de troupes pour mater la
revendication identitaire, précipitèrent son limogeage. Il
sera tour à tour ministre des Industries lourdes, puis de
l'Agriculture, puis de la Santé avant de se voir nommer
chef du gouvernement au lendemain de la révolte popu-
laire d'octobre 1988.
Il n'ira pas au bout de son mandat. Grâce à une
machination diabolique montée par Hamrouche, secrétaire
général de la présidence et Belkheir, directeur de cabinet,
Merbah est limogé après une journée houleuse qui a vu
l'intervention du colonel Tewfik, chef du département des
affaires de défense et de sécurité à la présidence, le général
Betchine, patron des services de sécurité et son assistant
le lieutenant-colonel Smail. Ces trois officiers sont allés
prier gentiment le chef du gouvernement d'accepter la
décision du président de la République sans faire de
vagues.
En les voyant entrer dans son bureau, Merbah pensait
qu ' ils allaient procéder à son arrestation. Il leur ordonna
de se mettre au garde-à-vous avant d'interroger Betchine :
- Qu'est-ce que tu fais là, toi? À quel titre tu es
venu?
- C'est en tant qu'ancien compagnon d'armes que
je suis venu vous voir.