Page 190 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

     - Tu n'as jamais porté d'armes avec moi. Je ne te
connais pas. Dehors !

      Betchinc s'exécuta sans un mot. Restaient Smail et
Tewfùc. Après une courte discussion avec ses deux anciens

subalternes, Merbab les invita à déguerpir :
     - Il vaut rnieux que vous partiez, sinon Betchine

vous accusera de comploter avec moi.
     Profitant de l'ouverture du champ politique, il quitte

le FLN, qu'il pense inféodé à la mafia, et crée le MAJD.

Un mouvement qu'il sera difficile de noyauter, car

l'homme connaît toutes les ficelles de la manipulation et
de l'infiltration.

     Malgré les instructions données à ses relais média-
tiques de frapper ce mouvement d'embargo, la mafia a du
mal à juguler les assauts de Merbab. Il lui est impossible
de trouver un compromis avec un honune qui les connaît
sur le bout des doigts. Et quand il parvient à prendre en
charge celui qu'elle comptait instrumentaliser pour exécu-
ter une partie de ses plans machiavéliques, il ne reste plus·
d'autre solution que de l'éliminer.

     En effet, ses relations avec Zeroual, nommé ministre
de la Défense nationale en juillet 1993, risquent de fausser
les plans de la mafia, tant il est vrai que celui-ci a une
grande confiance en Merbah, dont il admire les capacités
intellectuelles. Il compte beaucoup sur lui pour l'aider dans
sa nouvelle mission. Merbah, de son côté, m'avouait sa
satisfaction devant la nomination de Zeroual. « Moi, ça
m'arrange. J'ai de bonnes relations avec lui. On se voit
chaque fois que je suis de passage à Batna. La dernière

fois, on s'est vu au salon du Cheval à Barika », me dit-il.
     Un mois plus tard, un commando du GIS est chargé

d'exécuter de manière professionnelle l'empêcheur de
magouiller en rond. Par une chaude journée du mois
d'août, alors qu'il s'apprête à rentrer chez lui, à Ain Taya,
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