Page 33 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Entre 6 H et 6 H 30, tout le monde est jeté dehors.
Ceux qui ont fait du bordel se font déchirer leur carte
d'accès, ils devront tenter leur chance ailleurs.
Demain, car il est souvent déjà trop tard aujourd'hui pour
s'inscrire ailleurs.
L'idée à l'origine de ce lâcher de fauves si matinaux, été
comme hiver, est que cela donne le temps d'aller se
présenter pour l'embauche à la porte des agences
d'intérim, au bureau de chômage, aux services sociaux,
etc. C'est se foutre du monde, parce que trouver du
travail, oui, mais sans domicile fixe, personne ne
t'embauchera ! Encore moins si les employeurs potentiels
savent que tu es SDF. Déjà qu'avec ton allure générale ce
n'est pas gagné. Sans parler des dégâts que la rue a fait
dans ta tête, dans ton corps...
Déjà que ceux qui sont bardé de diplôme, qui ont un
domicile ne trouvent pas, alors toi...
Et puis bon, de toute façon la plupart te demande d'avoir
une voiture alors que tu n'as pas de quoi prendre le
métro.
Certains CHRS voient grand. S'ils acceptent les
" passagers ", ils ont aussi des prétentions de réinsertion à
ton égard.
Sous prétexte d'agir pour ton bien, ton séjour chez eux est
dépendant de ta volonté affichée de te réinsérer.
Alors, sois gentil et motive-toi, ça fera plaisir aux
éducateurs (trices) et tu dormiras au chaud pendant un
bon moment. Et puis il faut bien qu'ils justifies leur
salaire. Pour ceux qui ne sont pas bénévole bien sûr, parce
que ceux là sont admirables, au début de leur bénévolat.
Après, la hiérarchie leur casse les pattes. Tu peux être
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