Page 43 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Et puis il y a les nouveaux SDF qui débarquent dans cet
univers parce qu'ils ont tout perdu, femmes, emplois et se
retrouvent la, complètement perdus, se demandant ce
qu'ils font la. Ils ne savent plus où ils en sont, mélangés à
tous les tordus de la société.
Le film " Une époque formidable " de Gérard Jugnot
explique ça à merveille, c'est du vécut ça se sent, ça se
vois.
La rue au départ, c'est dur pour ce genre de type. Le moral
ils ne l'ont déjà pas, déprime assurée ! Après ils se
blindent, ils s'adaptent, pas le choix, il faut survivre.
Beaucoup sont alcoolique, il est vrai. C'est qu'au
départ tu bois pour tenir le coup moralement, pour
oublier, pour te réchauffer. Puis ça devient une habitude.
Il ne faudrait jamais commencer à boire dans la rue.
Certains le savent et veillent à ne pas se laisser prendre
par ce mal, par cette mauvaise habitude qui vous détruit
encore davantage, vous isole davantage.
En même temps, dans la rue, le litron de vin c'est un
instrument social, un outil diplomatique, un peu comme
la cigarette. Ça te permet d'être reçu partout et de lier des
connaissances avec des individus qui, sans ça, t'aurait
envoyé aux roses. Alors qu'avec un litre, une cigarette, tu
es tout de suite reçu comme un ministre.
Des drogués ça il y en a moins, il faut dire que pour
se payer de la dope il faut avoir les moyens. Ce sont plutôt
des camés qui se retrouvent à la rue, peu qui commencent
à se camer dans la rue.
Tout cela donne une faune très hétéroclite dont la plupart
sont des miséreux sans danger sinon pour eux-mêmes.
Un petit nombre sont des êtres sortant d'asile
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