Page 42 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
sa main, retourne se coucher.
Quelqu'un fume dans la pénombre, je lui parle.
Il est lucide, trouve bien ses mots, il est plutôt bien
habillé. Il s'appelle Rachid, il a 45 ans. À son âge, il
n'arrive pas à retrouver de boulot malgré ses études de
droit. Il me dit : "Je ne sais plus trop où je suis, le
décalage avec les autres est énorme. Je sais une chose,
c'est qu'à ma mort, il n'y aura personne, ni parent, ni
ami, qui viendra verser quelques larmes sur ma tombe
ou dire quelques paroles d'adieux à mon pauvre
cadavre.".
Il n'y a pas de profil type pour tomber dans la rue,
c'est le seul endroit où on accepte tout le monde.
En même temps, il y a une hiérarchie dans la rue où tu as
une échelle sociale. Ce n'est pas linéaire. Cela va du
clochard qui n'a plus aucune illusion depuis longtemps
qui pue, qui est couvert de poux, de pustules, qui ne s'est
pas lavé depuis la dernière fois où il s'est fait embarqué à
Nanterre.
Il y a des " zonards " ; des mecs qui passent de refuge en
refuge et qui connaissent toutes les ficelles de l'aide
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sociale : les vestiaires , tous les lieux où tu peux manger,
te laver, dormir, trouver un peut d'aide, de la tune parfois,
des tickets de métro.
Certains sont des pros dans l'activité et se font inscrire
pour un abri, un asile de nuit, en dernier recours, juste
pour passer une nuit au chaud et voir un toubib, si besoin
(paris regorge d'associations caritatives).
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4 Lieu où on vous fournis des vêtements.