Page 42 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
P. 42

promis  qu’après  l’université,  on  trouverait  du  travail;  après
        l’université  on  refait  l’université  et  on  ne  croise  pas  facilement
        Mr Travail sur notre route. On m’avait dit que j’étais l’avenir, que
        je  servirais  mon  pays  dans  l’armée;  on  m’a  promis  dignité,  on
        m’a  promis  fierté  on  m’a  même  promis  la  démocratie,  le
        changement en échange de mon vote.

        J’ai grandi en marge des bonnes grâces de l’Etat et j’ai conscience
        que j’ai frôlé l’analphabétisme, l’exclusion, la misérable vie. Dans
        l’Haïti où je vis, être d’une famille monoparentale, né sans père
        et  en  province  est  le  premier  pas  vers  la  pauvreté.  Je  suis  le
        projet d’une femme mais je suis un miraculé grâce à ce qui doit
        être la  base pour la construction de la  nation forte : La famille
        élargie. Jusqu’à mes 15 ans, avant la mort de mon beau-père, je
        ne  connaissais  pas  mon  père;  j’ai  grandi  avec  ma  mère,  ma
        grand-mère, mes tantes, mes cousins et cousines et des oncles à
        l’étranger. J’étais heureux, je n’avais pas eu le besoin d’un père
        biologique. On m’a bien caché la vérité et j’ai cru que mon beau-
        père était mon père. J’ai vécu avec le sentiment que j’ai été aimé
        de  tous,  le  fils  préféré  de  mon  beau-père,  l’enfant  chéri  de  ma
        mère  et  de  ma  grand-mère,  le  bien-aimé  de  ses  frères,  de  ses



        EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils
   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47