Page 70 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
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propos,  que  mes  héros  allaient  corriger  son  arrogance ;  je  me
        rappelle  encore  le  visage  désolé  de  la  si  belle  Marie-Denise
        Claude,  comme  si  c’était  hier.  Je  n’ai  pas  compris  ce  qui  se
        passait. Je me sentais mal et j’avais soudain envie de m’exprimer.
        J’ai demandé la parole. Une fois octroyée, j’ai tenu  à peu près ce
        langage :  «   Monsieur  l’Ambassadeur  avant  de  poser  ma
        question,  je  veux  vous  faire  part  d’une  impression  que  j’ai
        toujours  eue.  A  chaque  fois  que  le  peuple  Haïtien  arrive  à  un
        carrefour où les décisions qu’il doit prendre dépendent de lui et
        de  lui  seulement,  il  y  a  toujours  une  certaine  communauté
        internationale  qui  vient  lui  faire  des  propositions;  ces
        propositions  se  révèlent  toujours  être  des  impositions.  Quand
        nous  aurons  fini  de  faire  ce  qu’elle  nous  impose,  elle-même
        viendra encore pour clamer ‘Ah ! le peuple haïtien a encore fait le
        mauvais  choix’.  Maintenant,  ma  question,  Monsieur
        l’ambassadeur,  quand  j’étais  en  secondaire  et  que  j’étudiais  la
        littérature, on m’a appris que chaque tragédie, chaque comédie,
        chaque  tragicomédie  a  une  leçon  de  morale.  En  tant
        qu’ « Auteur » de cette tragicomédie que vous venez de décrire,
        quelle leçon de morale doit-on en tirer ?...




        EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils
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