Page 65 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
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Et  les  jours  s’annoncent  sombres,  la  faim  devient  le  b-a  ba  du
        dialogue  de  l’haïtien ;  l’assistance  mortelle  nous  garde  en  vie
        mais, une vie de chien; je ne peux rien vous cacher, il m’arrive
        des  fois  de  pleurer  le  sort  du  peuple  travailleur,  solidaire;  ce
        peuple qui est à pieds et qui aime l’autre en voiture et dont je suis
        tombé amoureux de lui le 27 décembre 2012, quand ma femme
        et moi avons eu un accident sur la route des Cayes. Avant  même
        que la voiture ait fini sa chute, les habitants de la zone étaient là
        pour nous secourir; et même quand  le véhicule semblait prendre
        feu,  ils  sont  restés  pour  nous  sauver  la  vie  au  grand  risque  de
        perdre la leur. Je voudrais tant que ce soit ainsi dans votre temps
        ou  vous  vivez  entre  haïtiens.  Peut-être  même  que  les  voitures
        volent maintenant ; les accidents routiers ne sont plus possibles.
        Au  moment  où  je  vous  parle,  je  suis  en  amour  de  cette  Haïti
        progressiste,  travailleuse  que  je  connais  et  qui  malgré  tout,  ne
        veut  ni  démissionner  ni  se  jeter  dans  le  désespoir  et  dans
        l’impuissance de changer vraiment la vie.

        Aujourd’hui,  le  pays  vit  comme  si  chacun  avait  son  Haïti  et
        l’Haïti de tous les haïtiens n’existe pas. Il est clair qu’aujourd’hui
        que le processus de mutation se fait avec notre rajeunissement



        EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils
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