Page 69 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
P. 69

Tragicomédie ?  Où  je  veux  en  venir ?  Une  façon  d’exprimer  le
        malheur haïtien ? Vous allez voir. Ce terme ne vient pas de moi,
        je suis tombé dessus pour la première fois en juin 2004, après la
        chute de Jean-Bertrand Aristide dans un colloque résidentiel sur
        les Partis Politiques où toute la classe politique au complet était
        présente.  Tout  comme  ma  femme  Fabiana,  j’ai  eu  le  droit  d’y
        participer,  non  pas  en  tant  qu’homme  politique,  mais  en  tant
        qu’étudiant et  lauréat de promotion de l’institution de formation
        qui organisait cette activité. Dans le défilement des personnalités
        qui  devaient intervenir, il y avait un ambassadeur  canadien  du
        nom de Kenneth Cook. Après avoir demandé d’éteindre tous les
        dispositifs  d’enregistrement,  il  entreprit  d’exposer  la  situation
        d’Haïti  comme  catastrophique  et  ce,  à  cause  de l’échec  des
        hommes  politiques.  Il  a  même  expressément  déclaré  qu’il  était
        venu avec la ferme intention de provoquer, et que celui qui peut,
        ose  le  défier.  Et  là,  il  se  tint  et  s’adressa  à  des  hommes  que
        j’admirais,  sur  qui  je  comptais  pour  l’avenir  de  la  République,
        que je respectais et qui avaient donné à ma génération le droit de
        participer: « Vous n’allez rien faire, Vous n’êtes que les acteurs
        d’une tragicomédie ». Après son intervention, un silence de mort
        s’abattit sur la salle ; en fait, je pensais qu’il n’allait pas finir ses


        EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils
   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74